Une importante manifestation se déroule actuellement à Rabat, capitale marocaine, rassemblant au moins 2.000 participants qui réclament une limitation de pouvoirs du roi et une lutte contre la corruption, annoncent les médias occidentaux. Auparavant, les médias arabes ont fait état d'une manifestation semblable à Casablanca.
"Il s'agit d'une action pacifique visant à soutenir les réformes constitutionnelles et à lutter contre la corruption et la dilapidation de fonds publics", a indiqué Mustapha Muchtat, un activiste du mouvement Baraka (Assez!), un des organisateurs de la manifestation à Rabat.
Les manifestants scandent des slogans exigeant que le roi "règne mais ne gouverne pas", et demandant un remplacement de la Constitution "conçue pour les esclaves". Certains manifestants brandissent les couleurs égyptiennes et tunisiennes en signe de soutien aux événements récents dans ces deux pays. Les policiers suivent la manifestation sans intervenir pour le moment.
La manifestation a été organisée par le mouvement "du 20 février" qui a réussi à enregistrer sur le réseau Internet Facebook près de 19.000 partisans.
Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées au centre de Casablanca afin de participer à une manifestation pour réclamer des réformes politiques et une limitation des pouvoirs du roi, ont annoncé dimanche les médias arabes.
Les manifestants scandent des slogans "Liberté, dignité et justice!". Le mouvement "du 20 février", initié par l'opposition moyennant des réseaux sociaux d'Internet, devrait rassembler des milliers de partisans à travers le pays. Les jeunes exigent une nouvelle Constitution limitant les pouvoirs du roi et plus de justice sociale.
Le Maroc est un pays où l'âge moyen est de 26 ans, 10% d'habitants sont au chômage et 15% vivent en-dessous du seuil de la pauvreté.
Cette manifestation se déroule sur fond des événements récents en Tunisie et en Egypte. Le Yémen, la Libye, l'Algérie, la Jordanie, le Bahreïn et l'Irak sont également secoués par des manifestations anti-gouvernementales.
Un membre de la direction du CRIF refait le coup du RER D … en Tunisie !
20/02/2011 16:13
Sammy Ghozlan, tristement célèbre depuis des années pour la propagation de fausses nouvelles sur l’antisémitisme en France, vient de tenter sa chance avec la Tunisie, avec un canular provocateur dont il ressort, une fois encore , la queue basse.
Son mal nommé « Bureau National de Vigilance contre l’Antisémitisme » (BNVCA) a en effet lancé en début de semaine un communiqué, fort détaillé, faisant état de la destruction d’une synagogue à El Hamma, près de la ville de Gabès (sud de la Tunisie).
Seul petit problème : comme le souligne le président de la communauté juive de Tunisie, dans une déclaration officielle à l’AFP, il n’y a pas de synagogue à El Hamma !
Voici la dépêche publiée par l’AFP démentant la rumeur :
Tunisie : aucun acte antisémite, le chef de la communauté dément des rumeurs
Le président de la communauté juive de Tunisie, Roger Bismuth, a affirmé mercredi à l’AFP qu’aucun acte antisémite n’avait été signalé en Tunisie depuis le début de la révolution populaire, mettant en garde contre les rumeurs ayant fait état mardi de l’incendie d’une synagogue.
"A aucun moment, les juifs n’ont été visés par des attaques ou même des paroles déplacées au cours de la révolution. C’est une révolution tunisienne, qui concerne tous les Tunisiens", a déclaré Roger Bismuth.
Le chef de la communauté juive de Tunisie, qui compte quelque 1.600 personnes, a opposé un "démenti formel" à "une rumeur qui a fait état d’une synagogue incendiée" lundi soir à El Hamma, près de la ville côtière de Gabès (sud).
"Il n’y a pas de synagogue à El Hamma. Il y a un mausolée, avec la tombe d’un grand rabbin, qui est un lieu de pèlerinage. Lundi soir, plusieurs bâtiments de la région ont été la cible de saccages et la guérite du gardien du mausolée a été vandalisée et quelques chaises emportées", a-t-il poursuivi.
"Cela ne visait pas la communauté juive en elle-même. Un local de l’UGTT (le principal syndicat tunisien) a aussi été saccagé ainsi que d’autres bâtiments", a-t-il expliqué.
"Il faut faire très attention aux rumeurs. Des gens essaient de faire croire qu’il y a une volonté d’attaquer des synagogues. C’est faux. Nous ne sommes pas inquiets, nous n’avons pas demandé de renforts de sécurité au gouvernement parce que nous estimons qu’il n’y a aucune raison de le faire", a-t-il insisté.
Mardi, plusieurs responsables de la communauté juive locale avaient affirmé à l’AFP et d’autres agences internationales qu’une synagogue avait été incendiée à El Hamma, après des allégations relayées à Paris par un organisme de vigilance contre l’antisémitisme.
Plusieurs représentants de la Ligue tunisienne des droits de l’homme ont démenti auprès de l’AFP ces allégations, mettant eux aussi en garde contre les multiples rumeurs qui circulent dans le pays alors que la sécurité n’est pas encore totalement rétablie.
Et voici maintenant le communiqué du BNVCA qui avait tenté de mettre le feu aux poudres :
01/02/2011
Le BNVCA inquiét et ému par la situation qui prévaut en Tunisie en apprenant que la Synagogue située à El Hamma dans la Ville de Gabès a été incendiée, totalement détruite, les rouleaux de la Loi (Thora) calcinés BUREAU NATIONAL DE VIGILANCE CONTRE L’ ANTISEMITISME 8 boulevard Saint Simon 93700 DRANCY 0663883029 Le Président Sammy GHOZLAN 0668563029 Drancy le 31/1/11
Le Bureau National de Vigilance Contre l’Antisémitisme a reçu de nombreux appels de correspondants de la communauté juive tunisienne en France émus et inquiets par la situation qui prévaut en Tunisie, notamment en apprenant que la Synagogue située à El Hamma dans la Ville de Gabès a été incendiée, totalement détruite, les rouleaux de la Loi (Thora) calcinés, de même que les portes du temple détruites, des tombes saccagées. Selon l’un des responsables de l’association Sayed Rebbi Yossef El Maarabi, ces exactions auraient pu se produire alors que des manifestants défilaient en l’honneur du retour du chef islamiste GHANNOUCHI , dans cette ville ,qui est sa ville natale. La synagogue en question qui porte le nom d’un grand rabbin vénéré a fait l’objet d’une restauration récente. Des pèlerinages y sont organisés, et parmi les rouleaux de la thora détruits se trouvaient un très ancien parchemin. Le BNVCA a reçu un certain nombre d’informations concernant d’autres faits de nature hostile à des juifs tunisiens, mais attend que les vérifications lui parviennent . Pour autant vendredi soir vers 18 h, la grande synagogue de Tunis aurait fait l’objet d’une perquisition et d’une fouille en règle. Nous demandons aux autorités tunisiennes en place, ainsi qu’à la population de veiller à la sécurité des personnes et des biens de la minorité juive de leur pays »
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Membre de la direction du CRIF, Ghozlan en est en quelque sorte son ministre de la désinformation, à travers le BNVCA et d’autres officines. On lui doit une série de déclarations mensongères sur des actes antisémites, notamment pendant l’affaire dite du « RER D », à l’été 2004, lorsque la France entière s’était émue de l’agression d’une jeune femme par une demi-douzaine de barbares « noirs et maghrébins », avant qu’on ne découvre que cela avait été totalement inventé.
in : http://www.voxnr.com/cc/dep_interieur/EkAylFFFyyeYbbBvUA.shtml
L’Occident est-il trop indulgent avec un monarque féodal qui cultive une image de roi moderne, au moment où la rue arabe s’embrase ?
Agé de 70 à 80 ans, dont en moyenne 30 ans au pouvoir, une carrière dans l’armée, un rejeton en attente de lui succéder, un régime de parti unique, une opposition laminée, un clan prédateur des richesses de son pays ; voici le portrait-robot du dictateur arabe dans l’imaginaire occidental. On y reconnaîtra Ben Ali, Moubarak ou Kadhafi.
Depuis que le maître de Carthage a pris la poudre d’escampette et que le raïs vacille sous les coups de boutoir du peuple cairote, les plus fins commentateurs de la rue arabe rivalisent d’analyses pour expliquer que dorénavant, le règne sans partage des potentats arabes ne garantit plus la sacro-sainte « stabilité » des pays qu’ils cadenassent de leur pouvoir jupitérien.
A la pointe septentrionale de ce monde qui ne connaît pas la démocratie, il existe aux yeux de l’Occident un « royaume acceptable » dont on ne parle presque pas depuis l’embrasement de Tunis et du Caire : le Maroc. Les aveux d’aveuglement sur le régime policier de Ben Ali, et sur le cynisme géostratégique qui fait jouer aux funambules diplomatiques les chancelleries occidentales au Proche-Orient ne concernent pas ce pays jugé à part. Pourquoi ? Est-ce justifié ?
Pour s’en assurer, il suffit de passer Mohammed VI au « détecteur de dictateurs ».
Est-il un autocrate comme les autres ?
Il a à son avantage sa jeunesse relative (47 ans) et d’être monté sur le trône il y a douze ans, après 38 ans de règne sans partage d’Hassan II, roi autocrate à l’ancienne. L’absolutisme du régime s’est régénéré, passant d’une monarchie ouvertement répressive à une « hypermonarchie ». Celle-si s’emploie à assurer une continuité de ses institutions, avec une concentration inégalée des pouvoirs politique et économique tout en peaufinant son image de despote éclairé —et certainement moins caricatural que bien des tyrans arabes. Pourtant, le pouvoir très personnalisé du roi s’appuie presque exclusivement sur les hommes de son sérail.
Les plus en vue, qui sont deux de ses amis d’enfance, phagocytent des pans entiers du pouvoir : Fouad Ali El Himma en politique et Mohamed Mounir Majidi dans le monde des affaires. Aujourd’hui, le Cabinet royal, centre névralgique du pouvoir de Mohammed VI qui dirige en sous-main l’administration, a plus de suprématie que toutes les institutions représentatives cumulées —mettant ainsi à mal la redistribution des richesses, et ce malgré le lancement de grands chantiers d’infrastructure et d’initiatives dans le social, censées combler l’énorme retard du pays en matière de développement humain. A ce titre, le Maroc continue de végéter dans le bas des classements mondiaux.
Mohammed VI a su profiter de l’image révulsive de son père en matière de droits de l’homme —sans renier l’essentiel de son héritage. Si son empathie pour les démunis ne semble pas feinte, elle est en tout cas savamment orchestrée par un culte de la personnalité exacerbé et une propagande d’un autre âge. Les Marocains redoutent aussi presque inconsciemment la fitna, un chaos social et identitaire qui naîtrait de la désagrégation de la Couronne, qui les unit culturellement. Le roi est de ce point de vue très largement plébiscité. Un récent sondage inédit le prouve, mais, comble de l’irrationnel, ce dernier a été interdit. Car au royaume du Maroc, la liberté d’expression s’arrête aux marches du Palais.
Est-il pour autant démocrate dans l’âme ?
Le régime marocain est —sur le papier— une monarchie constitutionnelle. Mais il suffit de lire sa Constitution pour se rendre compte qu’il n’est assurément pas démocratique. Le principe de séparation des pouvoirs n’est pas reconnu. Le roi définit lui-même son régime comme étant une « monarchie exécutive », amalgamant son statut sacré de Commandeur des croyants avec celui temporel de chef de l’Etat. Le multipartisme existe depuis l’indépendance du pays, mais le Parlement est réduit à un rôle de caisse de résonnance des volontés du Palais, notamment lorsqu’il s’agit d’entériner le budget de la Cour royale ou celui de l’appareil sécuritaire. Les élections sont toujours largement manipulées, et le pouvoir du Premier ministre confine à de la figuration.
Désavouer la politique du monarque ou celle de son Cabinet, mettre en lumière la prédation économique de la classe dirigeante (et celle du roi lui-même), dénoncer la pratique de la torture par les sécuritaires, fustiger la justice d’abattage, la corruption rampante autant d’actions interprétées comme subversives pour justifier les châtiments infligés aux voix discordantes accusées de nihilisme.
Dans les faits, personne ne peut remettre en question ce que le Palais et son gouvernement définissent comme les « constantes de la nation », c’est à dire le caractère sacré du trône —y compris ses choix de gouvernance—, l’islam en tant que religion d’Etat, la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental et la sanctuarisation de l’appareil sécuritaire. Quant à la sphère privée du roi, elle demeure inviolable même lorsqu’elle interfère avec la politique de l’Etat.
Est-il à la tête d’un Etat répressif ?
Après la disparition d’Hassan II, démocrates et réformateurs avaient parié sur une accélération de la dynamique qu’ils croyaient assurée avec un pouvoir rénové. L’opinion internationale a voulu croire aussi que la stabilité du pays s’accompagnerait d’une réelle tempérance du régime et d’une transition démocratique en douceur.
Ce ne fut pas le cas : la liberté de la presse, marqueur essentiel d’une telle promesse, a été bien souvent malmenée, la censure ayant rapidement repris le dessus. Les rares bastions de la presse d’investigation sont désormais en voie de disparition. A quelques rares exceptions, c’est le règne de la complaisance et du non-dit qui prévaut.
Si des gages ont été donnés sur le statut de la femme, qui s’apparente davantage au « féminisme d’Etat » tunisien, les libertés individuelles —dont celle du culte— sont loin d’être acquises. D’ailleurs, le processus de réconciliation n’a pas été mené jusqu’à son terme (la vérité sur les exactions commises sous Hassan II n’a été que partiellement dévoilée, sans mise en cause de certains responsables encore au pouvoir) et le Maroc embastille toujours ses opposants politiques qui se comptent parmi les militants des droits de l’homme, ainsi que les indépendantistes sahraouis et les islamistes.
Les ONG locales, les mouvements associatifs et contestataires, la presse, les réseaux sociaux et certains partis politiques canalisent les frustrations, voire servent d’alibi et de soupapes sociales. Les poussées de fièvre récurrentes au Maroc depuis quelques années prouvent que la hogra, ce sentiment d’injustice permanent ressenti dans tout le Maghreb, peut pousser à la révolte.
Bénéficie-t-il de l’indulgence de l’Occident ?
Au-delà des intérêts stratégiques avec l’Occident et la France en particulier, et à l’instar d’autres régimes arabes, Mohammed VI joue à fond la carte du péril islamiste et d’un certain volontarisme économique et social pour justifier les scories féodales de son régime. Avec Paris, les attaches politiques sont quasi incestueuses. L’Europe a accordé le statut avancé au Maroc, un privilège qu’il ne partage qu’avec Israël au sud de la Méditerranée. Le Trône est aussi l’un des alliés inconditionnels des Etats-Unis dans sa guerre contre la terreur, au point d’avoir accepté comme Moubarak par exemple (et on l’oublie trop souvent) de participer à son programme de torture délocalisée sous Bush Jr.
Dans ce contexte de realpolitik, l'aspiration de voir enfin un des pays arabes les plus aptes à s’engager vers la démocratie —comme ont pu le faire l’Espagne après Franco, le Portugal après Salazar, la Grèce après les Colonels ou certains pays d’Amérique Latine après les dictatures militaires— a été vaine.
Après la Tunisie et l’Égypte, à qui le tour ? Dans nos contrées, un pays est particulièrement observé : le Maroc. Pour la Belgique (ainsi que, dans une large mesure, pour la France et les Pays-Bas), le Maroc n’est pas tout à fait un pays étranger. Des centaines de milliers de Belges possèdent la double nationalité et celle-ci n’est pas que de papier, tant leur identité marocaine est très généralement affirmée. Si l’équivalent des évènements tunisiens se produisait au Maroc, l’onde de choc en Belgique prendrait la forme d’un tsunami.
S’il semble inévitable que le Maroc soit touché par le vent de démocratisation qui vient de se lever, un scénario à la tunisienne me semble totalement exclu. Il faut lire dans le détail l’entretien accordé le 31 janvier par le prince Moulay Hicham (cousin germain du roi Mohamed VI) au quotidien El Païs. Il reste fort vague mais pointe justement la différence marocaine : l’existence d’un jeu de « médiations sociales » entre « le pouvoir politique et les masses », en ajoutant que « ces médiations sont sérieusement décrédibilisées et le jeu institutionnel qui les relie est largement verrouillé », comme le démontre la très faible participation aux dernières élections.
Je n’ai aucune sympathie pour le régime marocain qui réussit la performance de stériliser les ressources d’un pays riche de ressources humaines et naturelles, pris dans les rets d’une bureaucratie corrompue et détestée. Mais je lui tire mon chapeau pour sa capacité à récupérer toutes les contestations et à amortir tous les chocs possibles. Le virage a été pris à la fin des années 80, quant Hassan II, à la fin de son règne, a décidé d’en finir avec les « années de plomb ». Depuis, de multiples amortisseurs ont été mis en place, accordant un espace bien balisé à quelques contre-pouvoirs sous contrôle. Pointons-en quelques-uns.
1 Le système politique marocain est une combinaison d’autocratie dont le Roi « de droit divin » est la clé de voûte (il désigne le premier ministre et choisi les partis qui seront associés au pouvoir) et de régime parlementaire basé sur des élections où se présentent toute une panoplie de partis, depuis les islamistes jusqu’à la gauche radicale. Le Palais a toujours réussi à mettre la monarchie au-dessus du système des partis, en se protégeant du discrédit qui les a tous frappé, et à obtenir l’allégeance de chacun d’entre eux [1].
2 Le danger islamiste est conjuré non seulement par la personne royale qui est en même temps « commandeur des croyants » mais aussi par la mise sur orbite d’un parti « islamiste », le PJD (Parti de la justice et du développement), qui reconnaît toutes les prérogatives royales et accepte même d’auto-limiter ses succès électoraux pour ne pas embarrasser le Palais.
3 Le régime a très intelligemment géré le tournant d’après les années de plomb en mettant en place en 2003 l’Instance Équité et réconciliation, qui allait dédommager les victimes sans jamais nommer les bourreaux, et en en confiant la présidence à un ancien détenu infiniment populaire, Driss Benzekri. De nombreux autres anciens opposants furent convaincus de la sincérité de la démarche [2] et acceptèrent de s’en porter garants devant l’opinion internationale.
4 Le Maroc dispose désormais d’une presse libre, voire irrévérencieuse (au risque de la censure et de condamnations judiciaires). Bémol : cette presse est exclusivement francophone, le seul hebdomadaire arabe indépendant (Nichane, version arabe de Tel Quel), ayant cessé de paraître en 2010, victime d’un véritable sabotage.
5 Il existe désormais un mouvement associatif indépendant au Maroc, et celui-ci ne se prive pas d’être critique. Par exemple, l’AMDH, qui est pourtant un véritable poil à gratter pour le régime, agit au grand jour et ses dirigeants ne sont pas inquiétés.
6 Les Marocains de l’étranger, pour la plupart binationaux et donc citoyens de leur pays de résidence, sont l’objet d’un véritable quadrillage et d’entreprises de séduction systématiques. Les mandataires politiques sont particulièrement choyés, quel que soit leur parti, de même que les intellectuels et les hommes d’affaire, et beaucoup d’entre eux finissent par se comporter comme des ambassadeurs officieux de Sa Majesté.
La différence est donc fondamentalement la suivante : alors qu’en Tunisie ou en Egypte, le pouvoir avait fait le vide entre lui et le peuple, au Maroc il a accumulé des couches (les « médiations ») pour amortir les chocs. Moulay Hicham a sans doute raison quand il estime que celles-ci sont désormais décrédibilisées. La jeunesse marocaine, urbaine, éduquée et connectée au monde entier, ne sera plus jamais dupe. Mais il me semble que le pouvoir en place a encore quelques cartes dans sa manche avant de devoir « dégager ».
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[1] Ainsi, en 1998, à la fin de sa vie, Hassan II a compromis les héritiers de Mehdi Ben Barka en confiant à Abderrahmane Youssoufi, président du parti social-démocrate USFP, la direction du « gouvernement d’alternance » qui le discréditera comme parti d’opposition crédible.
[2] Comme l’opposant historique Abraham Serfaty, enfermé pendant 17 ans dans les prisons du régime, qui récupéra sa nationalité marocaine et pu finir paisiblement ses jours dans sa ville natale de Marrakech.
Dans l'affaire Cassez, du nom de cette française détenue par les autorités mexicaines, Martine Aubry appelle au boycott de l'Etat mexicain. La même première secrétaire du PS condamnait pourtant l'action du boycott il y a peu. Ah oui... Il ne s'agissait pas du Mexique mais d'Israël !
Florence Cassez est une française détenue au Mexique pour complicité d 'enlèvements. Elle vient de passer cinq ans en prison au Mexique et doit purger au total 60 ans de prison. Après tous les recours en appel, la peine a été confirmée par la justice mexicaine.
Vendredi, face à cette condamnation définitive, Martine Aubry, première secrétaire du PS français, a appelé à boycotter l’année du Mexique en France. Selon son communiqué, elle « propose dès maintenant aux collectivités locales dirigées par des socialistes de ne pas participer aux manifestations organisées dans le cadre de l’année du Mexique en France et d’annuler celles qui dépendent d’elles ». Elle demande également « avec force au gouvernement mexicain de prendre ses responsabilités »
Selon ses propos, nous pourrions alors penser qu'appeler au boycott n'est pas illégale en France.
Cette même Martine Aubry avait par contre déclaré, en novembre 2010, lors du diner du CRIF, l'institution représentant la communauté juive de France : « Je pense que ceux qui prônent le boycott se trompent de combat : au lieu de porter la paix, ils portent l'intolérance, ils portent la haine. Et quand on veut un chemin de paix, on ne commence pas par porter cela. »
Madame Alliot-Marie, actuelle ministre des Affaires étrangères a pour sa part déclaré récemment au journal Haaretz : « S’agissant des appels au boycott, je les condamne fermement. Quand j’étais ministre de la Justice, j’ai donné des instructions très claires demandant aux procureurs d’identifier et de signaler tous les actes de provocation à la discrimination, notamment les appels au boycott des produits israéliens. Ces appels sont illégaux au regard de la loi française. » (1)
En effet, selon le code pénal : « Constitue une discrimination toute distinction opérée entre les personnes physiques à raison de leur origine, de leur appartenance ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée. (Article 225-1 du Code Pénal)
Cette loi a déjà valu condamnation pour le maire communiste de Seclin, Jean-Claude Willem, qui avait décidé de boycotter les produits alimentaires israéliens des cantines de sa ville, pour protester contre la politique du gouvernement d’Ariel Sharon envers les palestiniens.
Mais il faut rappeler que les produits obtenus dans des localités qui sont placés sous administration israélienne depuis 1967, sont normalement interdits de vente dans l'Union européenne car cela représente une « appropriation de biens, non justifiée par des nécessités militaires et exécutée sur une grande échelle de façon illicite et arbitraire » (Art. 8, 2, a, iv de la Constitution européenne).
Nous ne rejettons pas les actions qui peuvent être mises en œuvre pour F. Cassez. Mais nous pouvons douter que Martine Aubry se fera attaquer en justice pour ses propos. Une fois de plus nous pouvons constater le « deux poids, deux mesures » des politiques français quand il s'agit de parler d'Israël et de lutter contre la politique discriminatoire de ce pays.
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Michèle Alliot-Marie vs Lyne Cohen-Solal : l'indignation sélective
20/02/2011 16:01
Ainsi, Michèle Alliot-Marie, actuelle locataire du Quai d’Orsay a pris une semaine de vacances aux frais aéroportés d’un de ses amis tunisiens, accusé d’avoir été un proche de l’ancien dirigeant Ben Ali. Lui assure qu’il en a surtout été la victime, allez savoir… Quoi qu’il en soit… Ah ! la Belle affaire !
La Tunisie, quoi qu’on en pense, c’est beau, mais c’est “cheap”, même si ce n’est pas forcément à la portée de toutes les bourses françaises. Preuve s’il en est des difficultés de l’époque, on est loin des diamants africains de Valéry Giscard d’Estaing ou du supposé compte bancaire de Jacques Chirac au Japon… voire des commissions occultes des frégates de Taïwan et autres petits profits non-déclarés à Bercy par nos gouvernants, toutes couleurs politiques confondues.
Pourtant, ça s’indigne comme jamais au Parti socialiste.
À moins, évidemment, que cela soit pour couvrir la condamnation qui vient d’être annoncée de Pierre Mauroy, ancien Premier ministre de François Mitterrand et de Lyne Cohen-Solal, adjointe de Bertrand Delanoë à la mairie de Paris.
Le tribunal correctionnel de Lille, après dix ans de procédure et d’efforts vains du Parquet pour classer l’affaire, les a finalement jugé coupables d’abus de confiance et de recel dans une affaire d’emploi fictif.
Est-il possible de faire un parallèle entre les traitements médiatiques de ces deux walkyries de la politique ? Certes, l’une a été à la Première femme française à diriger un parti d’importance en France qu’elle s’empressa toutefois de vendre à Nicolas Sarkozy au sein de l’UMP, ce qui lui assure depuis d’être Ministre sans interruption… L’autre n’est célèbre que pour être régulièrement battue aux élections dans le Ve arrondissement de Paname face à l’ancien maire Jean Tibéri.
N’empêche, les vacances en Tunisie de dame Alliot-Marie et de son compagnon, désormais tout autant ministre qu’elle, Patrick Ollier, n’ont, de fait, rien coûté aux contribuables français. Ce qui aurait été scandaleux, c’est que ce fut un avion tricolore qui fut réquisitionné pour leur excursion amoureuse…
Alors que ce sont les contribuables lillois qui assurèrent le quotidien de la camarade Cohen-Solal lorsqu’elle assouvissait ses ambitions électorales à Paris.
Il n’y a pas à dire, l’indignation est encore meilleure quand elle est sélective ! La preuve par les socialistes français.
Leur acharnement envers Michèle Alliot-Marie rendrait cette dernière sympathique, ce qui est bien un comble ! Et sans doute même un crime politique, finalement !
Lundi, 14 Février 2011
Michèle Alliot-Marie vs Lyne Cohen-Solal : l'indignation sélective
“Valeurs actuelles” s’est procuré en avant-première une étude réalisée par Contribuables associés, qui pointe petites et grosses dérives de nos dépenses publiques. Creusant chaque jour de nouveaux déficits.
Les faits, rien que les faits : tel est, selon Benoîte Taffin, porte-parole de l’association Contribuables associés, l’objectif des Dossiers du contribuable consacrés aux gaspillages de l’argent public en 2009 et 2010 qui seront dévoilés le 1er mars, et dont nous publions en exclusivité certains des extraits les plus marquants. Un an d’enquête et 84 pages pour dénoncer, chiffres à l’appui, le train de vie des « princes qui nous gouvernent », « le gouffre des collectivités territoriales », « les ruineuses annexes de la fonction publique » et « les associations et syndicats dévoreurs de subventions ». Entre autres. Du milliard d’euros de la grippe A aux 450 000 euros dépensés par la commune de Saint-Cyprien pour des toilettes publiques ouvertes seulement… trois mois par an, en passant par les 15 117 euros nets mensuels perçus par les trois conseillers les mieux payés de François Fillon et les dizaines de millions d’euros offerts – en violation de la loi de 1905 – pour la construction de mosquées, les exemples de cet “argent des Français” gaspillé se comptent par centaines. Quand ils sont débusqués… Il y a urgence à s’attaquer – vraiment– à ce mal français qu’est la “dépensionnite aiguë”, plombant chaque jour davantage nos déficits et notre dette, déjà abyssale, de 1 600 milliards d’euros - 25 000 euros par Français ! S’adressant le 19 septembre 2007 – quatre mois après son élection – aux membres de l’institut régional d’administration de Nantes, voici, rappelle Contribuables associés, ce que déclarait Nicolas Sarkozy : « Ne plus gaspiller un seul euro d’argent public, tel doit être l’idéal vers lequel nous devons tendre. […] C’est une question d’économie : nous n’avons plus les moyens de gaspiller, nous avons trop de déficits, nous avons trop de dettes. […] C’est aussi une question de morale : l’argent public, c’est l’argent des travailleurs, l’argent de ceux qui se donnent du mal pour gagner leur vie, qui ont du mal à gagner leurs fins de mois, du mal à loger leur famille et à élever leurs enfants en travaillant. Le moindre des respects qu’on leur doit, c’est de ne pas laisser gaspiller, de ne pas laisser détourner ce qu’ils ont si durement gagné. » Qui peut dire, plus de trois ans après, que le défi n’est plus d’actualité ?
La Turquie a confié à La Russie le soin de construire sa première centrale nucléaire. Ankara présente ce projet comme un signe du développement industriel du pays et le moyen de produire une énergie « propre ». Pourtant, l’accord de partenariat fait grincer de (...)
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Une langue commune, une culture, des traditions, mais des parcours historiques différents... Qu’ont donc véritablement en commun les Albanais d’Albanais et ceux du Kosovo ? Unité culturelle veut-elle dire uniformité, ou convient-il au contraire de saluer la (...)
La SNCF est coutumière des retards. Selon une enquête réalisée par la CFDT-cheminots, un train sur trois seulement arriverait à l'heure. Une information qui fait du bruit alors que l'entreprise a dégagé un bénéfice de 697 millions d’euros en 2010.
Elle a dégagé un bénéfice de 697 millions d’eurosSIPA
La CFDT-cheminots a mobilisé une centaine de militants pendant un mois. Ceux-ci ont effectué des relevés quotidiens sur une vingtaine de lignes ferroviaires parmi les plus fréquentées, pour mesurer l’ampleur des retards. France-Info.fr a pris connaissance des grandes "lignes" de cette enquête : les relevés contredisent au moins en partie les statistiques de la direction. Selon la SNCF, le taux de ponctualité des trains dépasse les 80 %. Mais, la CFDT, elle, s’est intéressée spécifiquement aux heures de pointe pour faire ses relevés. Et, problème, il ressort que lorsque les passagers sont les plus nombreux, les retards sont plus fréquents. Un exemple parmi d’autres sur la ligne de train Corail Paris-Orléans : environ un train sur trois arriverait à l’heure en période de pointe ; c’est peu, évidemment, sur cette ligne empruntée tous les jours par plusieurs milliers de personnes qui vont travailler dans la capitale. Pour la CFDT ces retards plus nombreux en période de pointe posent la question d’une certaine saturation du réseau.
Des moyens limités
Pour répondre à ce nombre insuffisant de trains, Guillaume Pépy a annoncé, jeudi, que son entreprise allait investir cette année 2 milliards et demi d’euros pour, notamment, acheter des trains neufs. Mais, c'est une réponse à court terme. Qu'en sera-t-il dans les années futures ? D'autant que le communiqué publié hier à l’occasion des résultats financiers de l’entreprise démontre que la SNCF a des moyens limités : « La marge opérationnelle reste insuffisante pour couvrir les besoins d’investissement indispensables à la qualité de service. » La SNCF reconnaît ainsi qu’il ne faut pas s’attendre à des miracles.
La SNCF présentait ses résultats financiers, ce jeudi, avec un retour aux bénéfices (aux alentours de 700 millions d’euros, mais seulement 250 millions si l’on enlève des éléments dits "exceptionnels"), alors que Nicolas Sarkozy vient d’adresser une nouvelle lettre de mission au patron de la compagnie Guillaume Pépy. Il lui rappelle évidemment la nécessité d’améliorer le service aux usagers. Evidemment cela pose la question récurrente des retards.
Dominique Strauss-Kahn est l'homme fort du FMI. Outre-atlantique, ce rôle lui donne une grande crédibilité auprès des Américains, qui sont nombreux à l'apprécier. Un atout supplémentaire dans la course à la Présidentielle 2012.
SIPA
Il y a trois ans, le quotidien américain USA Today demandait à Edwyn Truman, ancien secrétaire-adjoint aux affaires internationales au Trésor americain, son pronostic sur le prochain directeur général du Fonds Monétaire International (FMI). Quand le nom d’un certain Dominique Strauss-Kahn lui a été soumis, Mr Truman a répondu : « Il est relativement inexpérimenté en finance internationale comparé aux directeurs généraux passés du FMI. »
Contacté fin janvier, il n’en est plus aussi sûr : « Il est la bonne personne au bon moment. Il a géré la crise de façon très talentueuse et proactive, sans chercher à faire la Une des journaux ».
Pragmatisme
Pour beaucoup, DSK est l’homme qui a transformé un FMI moribond, discrédité dans les pays en développement, accusé d’empirer les crises qu’il est censée régler, en pierre angulaire du système financier mondial. Les observateurs interrogés par France-Soir louent son « pragmatisme », « sa pro-activité » et sa « vision ». La presse américaine considère qu’il n’a « jamais connu une aussi grande adulation ». Le magazine britannique The Economist notait en décembre dernier : « Que ce soit avec l’accroissement des ressources du FMI ou la coordination de plans de sauvetage pour la Grèce et l’Irlande, DSK a impressionné par son intelligence et son énergie – et bien sûr son charme multilingue (il parle français, allemand et anglais et a même dit une fois qu’il parlait indonésien dans sa jeunesse)».
La popularité d’un Français, étiqueté socialiste, dans le monde anglo-saxon peut surprendre. Pourtant, son pragmatisme plait. Déjà en 1999, un article du très libéral The Economist consacré à son départ de Bercy en pleine affaire de la MNEF était intitulé « Sad Adieu to DSK » (« Triste Adieu à DSK »).
A son arrivée au FMI fin 2007, certains considèrent le Français comme le dernier représentant d’un ordre condamné à la disparition – depuis sa création en 1944 par les accords de Bretton Woods, le fonds est dirigé par un Européen, ce que les pays émergents contestent. D’autres le voient comme un pion dont le placement résulte d’un calcul politique de Nicolas Sarkozy.
Un an après son entrée en fonction, il est plongé dans la tourmente, accusé de relations extraconjugales avec une subordonnée. Au moment où il est blanchi par une enquête indépendante sur un éventuel abus de pouvoir dans l’affaire, son conseil d’administration fustige une « sérieuse erreur de jugement » du Français.
Mais à la faveur de la crise, les grands argentiers de la planète se tournent vers lui pour sauver leurs économies. Au printemps de 2009, les dirigeants du G20 décident d’augmenter les ressources du FMI à 750 milliards de dollars. DSK coordonne les plans de sauvetage irlandais et grecs. Il s’implique dans la création d’un nouveau mécanisme européen de réponse aux crises économiques.
Un « Socialist »
Ses positions surprennent : Parfois, il sort de son rôle de conseiller financier mondial pour parler politique, comme en novembre dernier à Francfort, lorsqu’il appelle les gouvernements européens à davantage de transferts de souveraineté. Il créé de nouvelles possibilités d’emprunt, moins contraignantes, pour les pays les moins avancés, où le FMI et son orthodoxie libérale sont vus d’un mauvais œil. Il se dit, dans certains cas, favorable aux politiques de relance, quitte à étonner l’ancien secrétaire au Trésor américain, Larry Summers : « C’est la première fois en 25 ans qu’un Directeur général du FMI appelle à une augmentation des déficits budgétaires. C’est le signe que la situation est sérieuse ».
« C’est la première fois que quelqu’un d’aussi ‘en vue’ dirige le FMI » pour Mark Copelovitch, spécialiste de gouvernance internationale à l’Université de Wisconsin-Madison.
Certes, Dominique Strauss-Kahn ne fait pas l’unanimité. Récemment, certains dirigeants du Tea Party fustigeaient une institution dirigée par un « Socialist », un gros mot aux Etats-Unis. Mais moins de trois ans après son entrée en fonction, les critiques sont rares. Et la crise n’est pas la seule raison de son succès : « Le poste de Directeur général du FMI est un poste à la fois politique et technique, et Strauss-Kahn est l’ancien ministre de l’économie d’un pays européen et professeur d’économie, donc il incarne les deux aspects du poste. C’est rare », explique Domenico Lombardi, ancien membre du conseil d’administration du FMI et directeur de l’Institut de politiques économiques Oxford. « Sous Strauss-Kahn, le FMI a gagné en prestige politique. Il a apporté du caviar à l’institution. »