Le mécanisme est le même : porter l’affaire devant le Conseil de Sécurité de l’ONU, invoquer des arguments fleurant bon l’éthique, la morale et les Droits de l’Homme, obtenir la caution de l’un ou l’autre intellectuel, de préférence germanopratin.
Cela vous rappelle quoi ... ?
La Libye avec un méchant dictateur qui opprime et massacre son peuple ? Ou plutôt ... l’Irak avec un méchant dictateur qui, lui aussi, hasard, opprimait et massacrait son peuple ?
On ne peut que confondre les deux tant les « grosses » ficelles des scenarii sont les mêmes afin de convaincre (manipuler ?) les opinions publiques de la légitimité d’une intervention armée : un méchant vraiment méchant, de (bien) bonnes intentions, une future guerre juste, guerre digne de la doctrine mêlée d’Ambroise, Augustin de Côme et Hugo de Groot dit « Grotius » où un conflit se trouve légitimé s’il répare une injustice, l’entregent d’un BHL – promu ministre des Etranges Affaires en lieu et place de Juppé cantonné aux seules Affaires [qui lui sont devenues soudain] Etrangères – dont l’intervention est à l’unisson du soutien apporté jadis, à Bush Jr et à son assaut contre l’Irak, par un Goupil, un Glücksman, un Bruckner ou encore un Kouchner.
Tous les éléments se trouvent donc réunis comme dans une tragédie de bonne facture, unité de temps, de lieu, d’action, un véritable « Cercle Rouge » à la J-P. Melville, sans oublier les acteurs, Juppé, Sarkozy et Kadhafi.
QUAND JUPPÉ A LA MÉMOIRE PLUS QUE COURTE
Le pseudo-ministre des Affaires Etrangères devrait s’inquiéter. Non pas de la concurrence (loyale ?) de son ami BHL, mais de l’élasticité de son propre duo mémoire/conscience. Début mars, en effet, au 20H de TF1, d’abord, en Egypte, ensuite, il n’avait pas de proclamation assez ferme pour signifier, urbi et orbi, que toute intervention en Libye serait contreproductive. Manifestement, et devant les micros de l’ONU, le bombardement aérien est (re)devenu, aussi récemment que soudainement, productif.
L’ancien ministre de la défense n’a, également, guère de souvenir de ses précédentes responsabilités.
Bien que l’armée française soit à la peine en Afghanistan – du fait notamment d’un manque de moyens, par exemple en hélicoptères de transport d’assaut et de combat – on va, comme par miracle, trouver des avions, des équipages, du kérosène, des missiles et autres bombes de précision ... pour aller faire la nique à Kadhafi, lequel, voilà à peine deux ans, avait le droit de planter sa tente en plein Paris !
Ce, sans oublier le coût financier d’une telle opération alors que selon un certain premier ministre, notre pays est en faillite.
On remarquera, ainsi, qu’il est des options stratégiques proprement édifiantes : on distille les moyens au compte-goutte quand il s’agit de mener un conflit d’importance première – car, selon la vérité officielle, l’intervention en Afghanistan permet de prévenir et de protéger la France de toute tentative de terrorisme fomentée par Al-Qaeda – par contre, quand il s’agit d’intervenir en dehors de toute nécessite défensive vitale, on se déclare prêt à mettre le paquet et à frapper sans attendre ... .
SARKOZY : GESTICULER POUR EXISTER
Cette volonté d’agir et de « sur-agir » porte la marque (de fabrique) de Nicolas Sarkozy.
Afin de faire oublier atermoiements, quiproquos et ridicules « MAMESQUES » lors du soulèvement tunisien, l’actuel locataire de l’Elysée a décidé d’adopter une posture morale et « droits de l’hommesque ». Il a fait cavalier seul, ignorant les réticences des partenaires européens, pour reconnaître le gouvernement (?) insurrectionnel libyen. Il a poussé à la roue les Britanniques afin d’obtenir leur éventuels concours à des frappes.
Cette diplomatie élyséenne hésite entre délire et danger.
Délire : car des armes françaises vont s’abattre sur celui à qui l’on voulait, lors de sa dernière visite sur le sol français, vendre des avions de combat multi-rôles de dernière génération. Que se passerait-il si le marché avait été conclu et honoré ... assisterait-on à un match Rafale contre Rafale ?
Dangereux : car il est tout aussi faux et vain de croire que des frappes aériennes, seules, permettront de résoudre, en totalité, la situation en Libye. La campagne aérienne du Kosovo est là pour le prouver : 79 jours de bombardement n’y apportèrent aucune solution de stabilisation concrète et de règlement politique. Il en sera de même si la Libye « kadhafienne » est frappée. Pire encore, l’on assistera à la partition du pays et à des raids sporadiques des forces loyalistes contre les territoires « libérés » aux mains des insurgés, lesquels réclameront, alors, une intervention terrestre et ce sera un nouvel engrenage, un nouvel Irak si les Occidentaux – notamment les Français - répondent à cet appel ... .
Ceci est d’autant plus vrai que Kadhafi, contrairement à Juppé, à de la mémoire.
KADHAFI VA SE SOUVENIR QU'IL A SOUTENU LE TERRORISME AVEC SUCCÈS
Le Guide de la Révolution a été, pendant les années 1970 et 1980, un généreux financier et organisateur du terrorisme international. Nul doute que s’il subit les affres de frappes aériennes, il reprendra ses habitudes et contact étroits avec la Syrie et l’Iran voire, et alors qu’il accuse cette organisation de lui avoir nui, ouvrira ses frontières à l’AQMI, filiale maghrébine d’Al-Qaeda.
Dotées de frontières communes avec l’Algérie, le Niger, le Tchad, le Soudan et l’Egypte, la Libye est, de ce point de vue, un espace plus qu’intéressant pour l’AQMI : on peut s’y entraîner, on peut y manœuvrer pour s’infiltrer, on peut s’y replier après avoir frappé tout autour.
Par ailleurs, la Jamahiriya libyenne dispose de suffisamment de représentations diplomatiques à l’étranger pour organiser et/ou téléguider, de-ci, de-là, l’un ou l’autre attentat ... contre un centrale nucléaire notamment.
Et où justement ... ?
En France.
http://www.marianne2.fr/Libye-Sarkozy-veut-son-Irak-a-lui_a204225.html