Un motard des douanes de 38 ans est mort pendant son service. Dans la Vienne, on pleure un père accompli et un homme investi dans sa communauté.
Damien Rouillier motard des douanes de Poitiers (Vienne), est mort après avoir été grièvement accidenté jeudi alors qu’il poursuivait un véhicule lancé à environ 200 km/hDR
L’homme laisse derrière lui une épouse et deux enfants en bas âge. Après une demi-journée passée dans un état critique, Damien Rouillier est mort. Cet homme de 38 ans, motard des douanes de Poitiers (Vienne), avait été grièvement accidenté jeudi alors qu’il poursuivait un véhicule lancé à environ 200 km/h. Peu après 10 heures, Damien et ses collègues tentent un « contrôle volant » sur l’autoroute A10, une course-poursuite s’engage avec une BMW roulant à vive allure, fuyant manifestement la présence des douaniers. Aux environs de Nouâtre (Indre-et-Loire), des travaux font brusquement ralentir le véhicule. Damien, surpris, s’encastre dans l’arrière de la puissante berline. Il est retrouvé 150 mètres plus loin. Cette voiture faisait partie d’un go-fast – une série de puissantes BMW transportant plus de 400 kilos de stupéfiants – lancé sur l’autoroute qui relie Bordeaux à Paris, l’autoroute empruntée par les trafics entre l’Espagne et le nord de la France. Quatre personnes ont été interpellées, une cinquième est toujours en fuite.
Dans Vivonne, une commune de la Vienne où Damien vivait, où sa famille a ses racines, l’émotion est grande. D’autant plus que dans cette ville de 3.000 habitants, Damien était très investi. Conseiller municipal depuis 2008, membre à la fois des commissions consacrées aux campings, aux sports et à la voirie, il est décrit par Jacky Quintard, également membre du conseil, comme « un homme très dynamique, capable de défendre ses idées. Il avait son franc-parler, et c’était un garçon entier ».
Un sportif accompli
Investi, Damien l’était aussi dans les associations sportives. « Il faisait partie du bureau de l’association de karaté, poursuit Jacky Quintard. Ses enfants aussi adoraient le karaté, peut-être parce que lui l’aimait autant… » Joël Chartier, président du club Vivonne 86 Loisirs, témoigne d’un membre « très sportif. Il était ceinture noire de karaté et donnait des cours aux jeunes des centres d’aide par le travail (CAT) de Vivonne. »
Son implication sportive ne s’arrête pas aux arts martiaux. La course à pied prend beaucoup de son temps libre. Damien est de toutes les épreuves, jusqu’au marathon de New York, qu’il parcourt en 2009 en moins de 3 h 40. « Dernièrement, raconte Joël, il ne courait plus car il s’était blessé au genou. Alors, en attendant qu’il aille mieux, Damien nous accompagnait à vélo le dimanche matin. » Infatigable. Et quand il ne court pas, il participe à l’organisation des événements de l’association, les sorties, les courses. Aujourd’hui, l’heure est au recueillement pour les fondus de sport qui partageaient sa passion. Joël, ému, a encore a faire : « Je dois prévenir les autres membres de l’association. On va essayer de se réunir ce soir et on décidera de quelle manière on lui rendra hommage. »
« A fond »
Un sportif donc, mais aussi un motard chevronné. Mathieu Poisay, 38 ans, a rencontré Damien à l’école primaire, l’a suivi sur les bancs du collège. Il se souvient d’un garçon gentil et discret, passionné de moto. « Ça a toujours été une grande part de sa vie. A l’époque, son père en avait une », confie-t-il. Son service militaire ? Damien le passe naturellement au peloton d’autoroute de Naintré, dans la Vienne. En 2006, il entre tout aussi naturellement dans les douanes, comme motard. Joël a appris sa mort par un ami de Damien. Par les journaux, il a appris les circonstances du drame. « Connaissant Damien, il a voulu faire son métier à fond. Il y a laissé sa peau… »