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La Libye, la gauche européenne et le retour de l’impérialisme humanitaire par Jean Bricmont
17/03/2011 06:53
La Libye, la gauche européenne et le retour de l’impérialisme humanitaire
Le Gang au complet est de retour : les partis de la gauche européenne (inclus les partis « modérés« communistes européens ) les « Verts » avec José Bové, maintenant allié à Daniel Cohn Bandit qui a toujours soutenu les guerres de l’OTAN, différents groupes Troskystes et bien sûr, les deux Bernard, Henry Levy et Kouchner, tous appelant à une sorte d’intervention humanitaire en Libye ou accusant la gauche d’Amérique latine dont les positions sont bien plus sensées d’agir comme des « idiots utiles » pour le « Tyran libyen ».
Douze ans plus tard c’est de nouveau le Kosovo. Des centaines de milliers de morts irakiens, l‘OTAN acculée dans une position impossible en Afghanistan et ils n’ont rien appris ! La guerre du Kosovo a été lancée pour stopper un génocide inexistant, la guerre afghane pour protéger les femmes (allez donc vérifier leur situation actuellement) et la guerre d’Irak pour protéger les Kurdes. Quand vont-ils comprendre qu’on affirme que toutes les guerres sont justifiées pour des raisons humanitaires ? Même Hitler "protégeait" les minorités en Tchécoslovaquie et en Pologne.
D’un autre côté Robert Gates a mis en garde que tout futur Secrétaire d’Etat qui conseillerait au président US d’envoyer des troupes en Asie ou en Afrique « on doit lui examiner le cerveau ». L’Amiral MC Mullen a de même conseillé la prudence. Le grand paradoxe de notre époque c’est que le QG du mouvement de la paix se trouve au Pentagone et au département d’Etat tandis que le parti pro-guerre est une coalition de néo-conservateurs et d’interventionnistes libéraux de différentes sortes dont des guerriers gauchistes humanitaires de même que certains Verts des féministes ou des communistes repentis.
Donc maintenant tout le monde doit réduire sa consommation à cause du réchauffement climatique mais les guerres de l’OTAN sont recyclables et l’Impérialisme a été intégré au Développement Durable.
Bien sûr les US feront la guerre (ou pas) pour des raisons qui sont bien différentes des conseils offerts par la gauche pro guerre. Bien sûr le pétrole ne sera pas le facteur principal de leur décision car tout gouvernement libyen futur devra vendre du pétrole et la Libye ne pèse pas suffisamment sur le cours du pétrole. Bien sûr le chaos en Libye mène à la spéculation qui elle-même affecte les prix mais cela est un autre sujet. Les sionistes ont certainement deux avis sur la Libye : ils haïssent Kadhafi et aimerait le voir chasser du pouvoir comme Saddam de la façon la plus humiliante possible, mais ils ne sont pas sûrs qu’ils apprécieront son opposition (et selon le peu que l’on connaît, ils ne l’aiment pas).
L’argument principal pro guerre, c’est que si tout va vite et facilement cela réhabilitera l’OTAN et l’intervention humanitaire dont l’image a été ternie par l’Irak et l’Afghanistan. Un nouveau Grenade ou au mieux un nouveau Kosovo, c’est exactement ce qu’il faut. Un autre motif d’intervention, c’est de mieux contrôler les rebelles en venant les « sauver » dans leur marche vers la victoire. Mais cela a peu de chance de marcher : Karzai en Afghanistan, les nationalistes kosovars les Shi’ites d’Irak et bien sûr Israël sont parfaitement contents de bénéficier de l’aide américaine quand ils en ont besoin, mais après cela ils poursuivent leur propre agenda. Et une occupation militaire totale de la Libye après la « libération » est peu faisable ce qui bien sûr du point de vue des US rend l’intervention moins attrayante.
D’un autre côté si les choses tournent mal ce sera probablement le début de la fin de l’Empire américain, d’où la prudence des gens qui sont actuellement en charge et qui ne se contentent pas d’écrire des articles dans le Monde ou de pester contre les dictateurs devant les caméras.
C’est difficile pour des citoyens ordinaires de savoir exactement se qui se passe en Libye car les médias occidentaux se sont complètement discrédités en Irak en Afghanistan au Liban et en Palestine et les sources d’informations alternatives ne sont pas toujours crédibles non plus. Cela bien sûr n’empêche pas la gauche pro guerre d’être absolument convaincue de la vérité des pires informations sur Kadhafi comme elle l’était, il y a douze ans sur Milosevic.
Le rôle négatif de la Cour Internationale de Justice est de nouveau apparent ici comme l’a été celui du Tribunal International pour la Yougoslavie dans le cas du Kosovo. L’une des raisons pour laquelle il y a eu relativement peu de sang versé en Tunisie et en Egypte c’est qu’il y avait une sortie possible pour Ben Ali et Moubarak. Mais la « justice internationale » veut être sûre qu’une telle sortie n’est pas possible pour Kadhafi et probablement pour les gens proches de lui les poussant ainsi à combattre jusqu’à un dénouement tragique.
Si « un autre monde est possible » comme la gauche européenne le proclame sans arrêt alors un autre Occident devrait être possible et la gauche européenne devrait commencer à œuvrer pour cela. La rencontre récente de l’Alliance Bolivarienne pourrait servir d’exemple : la gauche d’Amérique Latine veut la paix et ils veulent empêcher l’intervention des US car ils savent qu’ils sont dans la ligne de mire des US et que leur processus de transformation sociale exige d’abord et avant tout la paix et la souveraineté nationale. Donc ils ont suggéré d’envoyer une délégation internationale conduite éventuellement par Jimmy Carter (qu’on ne peut pas accuser d’être une marionnette de Kadhafi) pour commencer un processus de négociation entre le gouvernement et les rebelles. L’Espagne s’est dite intéressée par cette idée qui est bien sûr rejetée par Sarkozy. Cette proposition peut sembler utopique mais si l’ONU met tout son poids derrière, cela ne sera pas le cas. Ce serait une façon de remplir sa mission actuellement rendu impossible par l’influence des US et de l’Occident. Cependant ce n’est pas impossible que maintenant ou dans une prochaine crise une coalition de nations non interventionnistes dont la Russie, la Chine, l’Amérique latine, et peut être d’autres puissent œuvrer ensemble pour construire des alternatives crédibles à l’interventionnisme occidental.
Contrairement à la gauche d’Amérique latine, la version pathétique gauche européenne a complètement perdu le sens de ce que cela veut dire de faire de la politique. Elle n’essaie pas de proposer des solutions concrètes aux problèmes et est seulement capable d’adopter des positions morales dénonçant en particulier de façon grandiloquente les dictateurs et les violations des droits de l’homme. La gauche social démocrate suit la droite avec au mieux quelques années de retard et n’a pas d’idées personnelles. La gauche « radicale » réussit souvent à dénoncer à la fois les gouvernements occidentaux de toutes les manières possibles et à demander que ces gouvernements interviennent militairement partout dans le monde pour défendre la démocratie. Leur manque de réflexion politique les rend particulièrement vulnérable aux campagnes de désinformation et en fait des supporters des guerres US - OTAN.
La gauche n’a pas de programme cohérent et ne saurait pas quoi faire même si Dieu les mettait au pouvoir. Au lieu de « soutenir » Chavez et la Révolution vénézuélienne, une affirmation vide de sens que certains se complaisent à répéter, ils devraient humblement apprendre d’eux et d’abord et avant tout réapprendre ce que cela veut dire de faire de la politique.
Jean Bricmont enseigne la physique en Belgique et est membre du Tribunal de Bruxelles. Son livre "Humanitarian Imperialism" est publié par Monthly Review Press la version française « Impérialisme Humanitaire » l’est aux éditions Aden. http://www.voxnr.com/cc/etranger/EFppplEFVywgSsSzSj.shtml ******************************************************************
La Libye sera-t-elle notre Somalie ?
Christian Bouchet |
Éditorial
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Pour comprendre ce qui se passe actuellement en Libye, sans doute convient-il de relire Intrigo Internazionale du juge Rosario Priore (voir Flash n° 43). Dans cet ouvrage, celui qui a eu en charge à la fois l’instruction de l’assassinat d’Aldo Moro et celle de la tentative d’attentat commise, en 1981, contre Jean Paul II, dévoile la réalité d’un conflit occulté entre les puissances occidentales autour de la Méditerranée et du Proche-Orient.
«Nous avons été en guerre sans que les simples citoyens le sachent», affirme le magistrat, en soulignant que « l’hégémonie sur la Méditerranée et le contrôle des sources énergétiques ont placé l’Italie en collision avec l’axe américano-britannique qui n’a pas supporté son rapport privilégié avec la Libye ». Et de raconter comment les Italiens ont soutenu, en 1969, le coup d’État du colonel Kadhafi à Tripoli avec comme résultat que « les Libyens fermèrent immédiatement les bases britanniques et américaines et expulsèrent les militaires de ces deux pays. (…) L’Italie devint tout de suite le principal partenaire économique de Kadhafi tandis que les Britanniques, en perdant la Libye, se retrouvèrent de facto boutés hors de la Méditerranée. Ils cherchèrent sans tarder à reprendre ce qu’ils avaient perdu. Sans succès, car l’Italie protégeait le régime de Kadhafi ». Ainsi, en 1971, ce sont les services secrets italiens qui firent échouer une tentative de coup d’État anti-Kadhafi suscitée par le MI5.
Les impérialistes ayant la mémoire longue, et la vengeance étant un plat qui se mange froid, le « printemps arabe » qui agite actuellement le Maghreb et le Machrek, est l’occasion pour les puissances anglo-saxonnes de tenter de reprendre la totalité du pouvoir qu’elles avaient perdu à Tripoli à l’avantage de l’Italie et de faire ainsi coup double après avoir quasiment mis un terme, via la révolution de Jasmin, à l’influence française en Tunisie.
À l’aune de cette analyse, il convient donc de relativiser tout ce que nous pouvons voir, lire ou entendre…
Ainsi en est-il des crimes de Kadhafi qui justifieraient une enquête de la Cour pénale internationale. La répression exercée, de manière « virile » convenons-en, des manifestations de l’opposition a fait, selon diverses sources, avant que la situation n’évolue vers une semi-guerre civile, de 300 à 1.000 morts. « Le régime de Mouammar Kadhafi a bafoué les normes internationales et la morale élémentaire. Il doit être tenu comme responsable », s’est empressé de déclarer Barack Obama qui a oublié que le pays qu’il préside a été la cause directe de 650.000 à 1.000.000 de décès en Irak…
Irak, où, comme en Afghanistan, les troupes de l’Oncle Sam bénéficient de l’aide d’un grand nombre de « chiens de guerre » pudiquement présentés comme des contractors. Or, ces contractors deviennent soudain des « mercenaires » quand ils servent comme auxiliaires dans l’armée régulière libyenne. Pire, les médias ne se gênent pas pour insister sur l’appartenance de ces malheureux à la race noire, comme s’il s’agissait, soudain, d’un échelon particulier et pire que tous les autres dans l’abjection du mercenariat où il y aurait les bons (les contractors « caucasiens » ou asiatiques de l’US Army) et les salauds (les mercenaires Noirs ou Serbes de la Jamahiriya).
Quand à la situation à Tripoli on nous l’a décrite comme un véritable enfer sur terre où une population toute entière acquise aux opposants se terrerait chez elle pour échapper aux meurtrières milices kadhafistes. Mais quand un journaliste français – Bernard Bisson du Journal du Dimanche – a pu se rendre sur place il a témoigné : « Tripoli ne donne pas l'impression d'une ville en guerre, comme j'ai pu en voir de nombreuses dans ma carrière. Avant de rencontrer Kadhafi, nous avons couvert une manifestation de ses partisans. Il JDD 6 mars 2011).
On pourrait encore citer l’analyse par les médias de la personnalité de Mouammar Kadhafi. Celui-ci est présenté urbi et orbi comme un malade mental et nombre de ses travers – allant de ses gardes du corps féminines à sa manière de se vêtir – sont mis en avant pour le tourner en dérision. S’il est un fait que le Libyen est sans doute pour le moins mégalomane, il est permis de se poser une question simple : ne souffrirait-il pas d’une pathologie courante chez les puissants, car, au fond, par exemple (et il ne s’agit que de deux exemple parmi un grand nombre d’autres), est-il réellement plus caricatural que Silvio Berlusconi, et ses lubies sont-elles vraiment plus étranges que celles de cheikhs faisant construire des stations de ski dans les dunes du désert sous le soleil de l’Arabie ?
En 2004, Mouammar Kadhafi, dont le régime avait jusqu’alors financé et armé tout ce que la planète pouvait compter de groupuscule subversifs et hostiles au Nouvel ordre mondial, se livra à un spectaculaire changement de politique et d'orientation. Il offrit au « Grand Satan » américain, comme le relate Éric Roulleau dans Le Figaro du 1 mars dernier, de renoncer au terrorisme et à la fabrication d'armes nucléaires, en échange de quoi il sollicitait la neutralité bienveillante de Washington à son égard. Elle lui fut accordée. Depuis ce compromis, le commerce americano-libyen avait plus que décuplé. Mais l’Italie était restée le véritable allié, Silvio Berlusconi ne cachait pas sa relation amicale, qu’il qualifiait « d’intimes », avec le colonel et la péninsule dépendait de la Libye pour la quasi-totalité de son approvisionnement en pétrole. De plus la Jamahiriya était devenue la frontière avancée de l’Europe contre le péril migratoire et jouait ce rôle à la perfection.
D’où la surprise, sans doute aussi réelle que jouée, du colonel devant le retournement de la situation et l’ingratitude européenne. D’où aussi ses menaces précises : s’il tombe ce sera le chaos, une immigration comme le vieux continent n’en a encore jamais connue, de graves difficultés pour l’approvisionnement en pétrole et une instabilité politico-militaire telle que nous aurons l’équivalent de la Somalie sur le flanc sud de notre continent.
La situation est considérée comme si sérieuse par certains que Grigori Melamedov, analyste de l’agence RIA Novotsi, s’interrogeant sur les éventuels scénarios à venir évoquait, le 1 mars dernier, aussi bien une évolution « à la Yougoslave » avec une intervention militaire, d’une manière ou d’une autre, de l’OTAN, que « l’ouverture de négociations secrètes avec Kadhafi l’aidant à rester au pouvoir en échange de quelques concessions de sa part en faveur de l’opposition. » Le journaliste russe ajoutant avec cynisme : « Le reste est une affaire de technique. Les médias pourront exagérer l’importance des concessions obtenues en déclarant que sous la pression de la communauté mondiale le chef de l’Etat libyen a écouté son peuple. Ce n’est pas à nous d’apprendre aux leaders politiques mondiaux comment accomplir ce genre de démarches. »
On le voit l’avenir est ouvert dans le golfe des Syrtes et il n’y a nul doute que nous aurons de multiples occasion d’y revenir. http://www.voxnr.com/cc/etranger/EFppplEFVywgSsSzSj.shtml
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