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« La frontière a mauvaise presse… N’attendons pas des pouvoirs établis… qu’ils fassent sa promo. Ni que ces passe- muraille que sont les évadés fiscaux, membres de la jet set, stars du ballon rond, trafiquants de main d’œuvre, conférenciers à 50000 dollars… déclarent leur amour à ce qui leur fait barrage »
« Ce sont les dépossédés qui ont intérêt à la démarcation franche et nette. Leur seul actif est le territoire… Le faible n’a pour lui que son bercail » (pages 75 – 76)
« Le sans-frontiérisme… déguise une multinationale en une fraternité… Il avalise le moins d’Etat en masquant son corollaire : le plus de mafia » (page 80)
« Quand tout pousse au global, tirer vers le local, cela fait équilibre » (page 92)
À l’encontre de l’idéologie dominante véhiculée par les apôtres de la mondialisation qui encensent l’humanitaire, idolâtrent les « sans frontières » de tout poil : reporters, médecins, footballeurs, banquiers… À l’encontre d’une Europe diffusant un billet de banque dont l’image est un pont suspendu sur le vide (quel symbole pour l’Euro !), Régis Debray s’élève contre le décloisonnement et se propose, dans une conférence prononcée à Tokyo en 2010, de faire… l’éloge des frontières !
« Ce que nous avons de plus profonde, c’est la peau » disait Paul Valéry. Tout système vivant possède une enveloppe : le liquide amniotique est la peau du fœtus, l’écorce celle d’un arbre, la frontière celle d’une communauté. Ôtez l’écorce de l’arbre, la sève ne peut plus monter. Supprimez la frontière et c’est le peuple qui s’éteint !
Une frontière n’est pas un mur : « Le mur interdit le passage, la frontière le régule » Elle est là pour filtrer. Elle sélectionne, elle discrimine.
Là où il n’y a pas de frontières, on élève des murs.
A défaut de frontières, nous risquons d’avoir, au sein de nos départements et de nos villes, des barbelés !
C’est ce qui arrive à des millions d’Américains parqués dans des forteresses pour riches aspirant à vivre en autarcie.
C’est ce qui menace l’Europe si dans l’immédiat, elle ne s’oppose pas énergiquement au déferlement de Tunisiens, et de Libyens sur son territoire.
A quoi sert une frontière ? « A faire corps ». Même la fraternité, lors d’un dîner entre anciens copains de collège exige de fermer la porte !.
L’Europe peine à trouver sa frontière, parce que dédiée essentiellement à son économie et à ses finances. Faute de transcendance, faute de regarder vers le haut, elle ne se soucie pas de ses limites.
La frontière renvoie au sacré, du latin : sancire :délimiter, entourer, interdire. C’est un périmètre à l’intérieur duquel on ne pourra pas faire n’importe quoi.
Réagissant au chaos qui nous environne, Régis Debray englobe, par extension, sous le vocable de frontière :
- Ce qui empêche la dissolution du symbolique dans le spontané, de la règle dans le sentiment, de l’histoire dans l’actualité, des idées dans les émotions,
- Ce qui interdit la confusion entre la cité et la société, la loi et les mœurs, le droit et le fait, le peuple et la population.
La frontière implique alors non seulement le respect, au sens de tenir en respect : tandis que tout le monde est à tu et à toi, savoir tenir à distance… Contrairement à la courtoisie républicaine qui repose sur un protocole attribuant des rangs respectifs, c’est « l’obscénité démocratique » qui abandonne la distance et la retenue.
La frontière cloisonne les relations, et il arrive qu’elle sépare les amis de jeunesse : Debray et Kouchner, le philosophe et le french doctor au sac de riz. Autant dire : l’Être et le paraître ! Face au déballage ambiant des people et des politiques, elle réclame le secret.
À coup sûr, Régis Debray est à contre courant du politiquement correct. Pour cela, il mérite notre estime.
Nul doute que sa vie, son œuvre, sont placées sous le signe de la frontière : au début des années soixante.traqué par les polices sud américaines, il en a traversé des postes frontières clandestinement, à pied, en tacot, dans des autocars pourris, du Venezuela en Colombie, de là en Equateur puis au Pérou, au Chili, en Bolivie, en Argentine, en Uruguay, au Brésil !
Mais depuis, il a renoncé à être citoyen du monde, ayant compris que la révolution mondiale n’est pas une patrie. Son premier ouvrage (épuisé) s’intitulait déjà Frontière. Dans presque tous ses livres : cette notion récurrente !
Alors, comment a t-il pu accepter, en 2006, en Jordanie, de s’asseoir autour d’un méchoui, à la table de frères musulmans, ( Un candide en Terre sainte III, page 199) et d’écouter poliment leurs boniments avant les « embrassades », puis de rencontrer au Liban , un dirigeant du Hezbollah !
Régis Debray, président de l’Institut européen des sciences des religions , ignore t-il que l’islamisme veut étendre sa domination sur le monde et annuler les frontières ? La patrie musulmane est unique : c’est l’Umma, la communauté soumise à la loi coranique. Egarement de la part de cet ex- révolutionnaire en quête de sens ?
Vous avez dit « Eloge des Frontières » ? Désormais entre l’écrit et l’action, un peu de cohérence !
Régis Debray né à Paris en 1940.
Normalien, agrégé de philosophie.
En 1965. il part pour Cuba.
Guérilla sur les pas du Che
Est fait prisonnier de 1967 à 1971.
1971-1972 : Résidence au Chili
Retour en France en 1973.
1981-1985 : Conseiller de François Mitterand, chargé de mission auprès du Président de la République pour les relations internationales.
1985-1992 : Maître de requêtes au Conseil d’Etat.
Depuis 1993 se consacre à la philosophie et à l’écriture.
Thèse de doctorat « Vie et mort de l’image : Une histoire du regard en Occident »
1999 : Professeur de philosophie à l’Université Jean Moulin de Lyon III.
Membre de l’Académie Goncourt depuis Janvier 2011.
Nous recommandons :
- Éloge des frontières (Gallimard)
- L’emprise (Gallimard)
- L’obscénité démocratique (Flammarion)
- Un candide en Terre sainte (folio)
- Le moment fraternité (folio)
Isabelle Laraque
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