En proie à une insurrection armée musulmane ayant fait plus de 4.400 morts depuis 2004, les trois provinces de l’extrême sud ont connu ces dernières semaines de nombreuses attaques, visant de plus en plus les enseignants et les moines. Le secrétaire du Conseil national de sécurité, Tawin Pleansri, reconnait là une escalade de la violence, sans pour autant détailler de solutions concrètes pour le futur
(Photo Thierry Falise)
Face à une augmentation du nombre d’attentats dans les trois provinces de l’extrême sud depuis le début de l’année, le secrétaire du Conseil national de sécurité Tawin Pleansri a reconnu une escalade de la violence de l’insurrection dans cette région à majorité musulmane. "Je reconnais que la violence est en hausse mais nos agents sont déterminés à travailler au mieux de leurs capacités pour trouver une solution". En trois mois, les provinces de Yala, Pattani et Narathiwat, où l’état d’urgence a été prolongé de trois mois fin janvier, ont connu de nombreuses attaques considérées comme plus importantes qu’auparavant, a-t-il concédé. Ces déclarations interviennent environ deux semaines après la demande formulée par deux députés démocrates de limoger le chef de l’armée, pour ne pas avoir trouvé de solutions à cette crise qui embrase la région depuis 2004. Des groupuscules armés souhaitent plus de reconnaissance pour la différence culturelle de cette partie de la Thaïlande et une scission du pays. Plus de 4.400 personnes, bouddhistes et musulmans, ont trouvé la mort.
Les policiers et les militaires sont toujours dans la ligne de mire des insurgés. Le mode opératoire des attaques, lui, reste sensiblement identique : bombes en bordure de routes, voitures piégées, fusillades sur des personnes circulant en voiture ou à moto, etc.
Moines et professeurs devenus des "cibles prioritaires"
Les moines et les professeurs sont devenus maintenant des "cibles prioritaires" et les attaques ont plutôt lieu le matin ou le soir, selon le chef de l’armée Prayut Chan-O-Cha. Le gouvernement a beau avoir prolongé l’état d’urgence de trois mois, qui donne l’immunité aux militaires et leur permet de détenir des suspects sans chef d'accusation, les violences continuent. "Le problème ne peut être résolu en quelques mois", s’est défendu le vice-Premier ministre Suthep Thaugsuban. Pour l’instant, Prayuth a promis d’envoyer des renforts aux 60.000 hommes déjà présents sur place. Quant aux moines bouddhistes, le Conseil de la Sangha de la province de Pattani leur a demandé hier de stopper pendant un mois l’aumône dans les trois districts de Yarang, Panare et Khok.
"Les musulmans n’enseignent pas l’insurrection"
A terme, le chef de l’armée a suggéré que les moines des trois provinces continuent de se déplacer escortés d’unités de sécurité ou que les fidèles viennent faire leurs offrandes à l’intérieur des temples. Le leader spirituel musulman, Chularajmontri Asis Pithakhumpol, a pour sa part tenu à rappeler que les violences s’intensifiaient toujours en début d’année, puis se calmaient. Il a par ailleurs déclaré que les musulmans de l’extrême sud n’enseignaient pas l’insurrection, en soulignant que les habitants de cette région avaient accumulé les déceptions et les frustrations depuis de nombreuses années.
P.B. (http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html avec AFP) mercredi 9 mars 2011
Une semaine sanglante
Lundi, la journée a été encore sanglante. Un policier retraité a été tué par balles avec sa nièce de 14 mois dans la province de Pattani (district de Panare) et un ancien ranger a perdu la vie de la même façon dans le district Thung Yang Daeng. A Narathiwat, une voiture piégée avec une charge de 50 kilos placée dans une bombe de gaz à cuisiner a visé une résidence pour policiers, blessant un officier et un passant. Samedi, un moine avait été tué et deux autres blessés dans la province de Pattani.
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