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TPI & sale guerre otanienne: les services français ont protégé durant des années des criminels de guerre

09/03/2011 09:49



Mediapart / Le Courrier des Balkans

TPI : les services français ont protégé durant des années des criminels de guerre

Une enquête de Jean-Arnault Dérens et Laurent Geslin
Sur la Toile :
Mise en ligne : jeudi 3 mars 2011
Coopérer avec la justice internationale ? Oui, mais d’abord protéger les « amis de la France ». Les carnets du général Rondot, saisis par la justice et largement utilisés dans l’enquête sur l’affaire Clearstream, recèlent des informations jamais utilisées jusqu’à aujourd’hui sur l’attitude de la France envers le TPIY et la poursuite des criminels de guerre. Mediapart et Le Courrier des Balkans se sont également procurés une note du général Rondot, qui explique comment les services français ont protégé des inculpés du TPIY, notamment le général croate Ante Gotovina.

Datée du 17 mars 2005, cette note est adressée au chef d’état-major particulier du président de la République, le général Georgelin, avec copie au ministre de la défense de l’époque, Michèle Alliot-Marie. Ce document atteste formellement des liens qu’ont entretenus les services secrets de la DGSE avec les forces croates dès 1991, puis, de 2000 jusqu’en 2005, avec des criminels de guerre recherchés par le TPIY.

Ces documents éclairent d’un jour nouveau le rôle des services français dans les guerres de l’ex-Yougoslavie puis leur collaboration à géométrie variable avec la justice internationale. Dans ses annotations, le général Rondot révèle en particulier comment la DGSE est restée en contact avec le général croate Ante Gotovina, inculpé et recherché par le TPIY, tout au long d’une cavale qui s’est poursuivie de 2001 à 2005.

Plus largement, le général expose comment les services de renseignements français ont suivi de près tous les dossiers concernant les criminels de guerre. Ils n’ont livré qu’au compte-gouttes des informations à la justice internationale, avec une ligne directrice : protéger leurs collaborateurs et leurs partenaires, même quand ceux-ci étaient inculpés.

En conséquence de cette collaboration bien hésitante de pays comme la France avec la justice internationale, le général Mladić court toujours, plus de quinze ans après son inculpation.

Dans les carnets, les mentions concernant les inculpés du TPIY reviennent presque chaque jour. Qu’il s’agisse de Mladić, de Karadžić, arrêté à Belgrade en juillet 2008, ou encore de Goran Hadžić (ancien président de la République serbe de Krajina accusé en 2004 de crimes de guerre et crimes contre l’humanité), lui aussi toujours en cavale, les communications sont constantes entre la ministre de la défense Michèle Alliot-Marie, le président Chirac, et la direction des services.

tLa priorité des priorités a longtemps concerné le général croate Ante Gotovina, ancien membre de la Légion étrangère. Il n’a été arrêté que le 7 décembre 2005. Quelques mois plus tôt, le général Rondot notait : « Cesser de traiter Gotovina ». Avant d’être ainsi « lâché » par la DGSE, l’homme, actuellement en jugement à La Haye pour « violations des lois et coutumes de la guerre » et crimes contre l’humanité, a joui d’une longue protection, qui s’explique par les nombreux services qu’il aurait rendu à la France.

Ante Gotovina, un itinéraire français

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Cliquez sur l’image pour accéder à la première page de la note

Ante Gotovina a toujours entretenu des liens étroits avec la France. Né en 1955, il fuit la Yougoslavie de Tito et s’engage le 1er janvier 1973 dans la Légion étrangère sous le nom d’Ivan Grabovac. Affecté au 2ème Régiment étranger de parachutistes basé à Calvi, en Corse, il fait alors une rencontre déterminante : Dominique Erulin. Les deux hommes servent sous les ordres du frère de ce dernier, le colonel Philippe Erulin, qui dirige le 2e REP. Leur fait d’arme est d’avoir sauté sur Kolwezi (Zaïre), en 1978, afin de rapatrier les Européens menacés par des rebelles. Ante Gotovina quitte la Légion en 1978 avec le grade de caporal-chef et obtient la nationalité française en avril 1979.

Après s’être reconverti un temps dans les officines de sécurité, il sombre dans le banditisme puis rejoint la Croatie en juin 1991 (pour lire le détail de cet itinéraire cliquez ici). Il connaît alors une ascension fulgurante jusqu’à devenir général de corps d’armée en 1995 et commandant du district militaire de Split. À ce titre, il participe à l’opération « Tempête » (Oluja) , la « guerre éclair » qui permet à l’armée croate de reconquérir en quelques jours le territoire occupé par les sécessionnistes de la République serbe de Krajina.

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Cliquez sur l’image pour accéder à la deuxième page de la note

Cette opération a en fait été préparée avec les services de renseignements militaires occidentaux, notamment américains et français. Dans la note du 17 mars 2005 que nous révélons, Rondot écrit : « C’est ainsi qu’en août 1995, l’un des personnels [de la DGSE] a suivi le déroulement de l’opération ’Oluja’ de reconquête des Krajinas par l’armée croate. C’est pour des faits remontant à cette période que le général Ante Gotovina est aujourd’hui poursuivi par le TPIY. »


Retrouvez notre dossier :
TPI : Ante Gotovina, criminel de guerre et « ami de la France » 


De fait, dès l’automne 1992, comme l’affirme le général, « le Service a initié une mission d’assistance clandestine aux Forces spéciales croates : formation des personnels et fourniture d’armes non létales ». Ces « armes non létales » seraient du matériel de télécommunications militaires. Le scandale des ventes d’équipements par la DGSE aux forces croates, en violation flagrant de l’embargo des Nations Unies, est ainsi explicitement reconnu.

L’opération « Oluja » s’est soldée par l’exode systématique de la population serbe de la région, abandonnée par ses dirigeants et par Belgrade. 200.000 à 250.000 réfugiés prirent le chemin de la Serbie, certaines unités de l’Armée croate ont multiplié pillages, massacres et exactions.

L’acte d’accusation d’Ante Gotovina précise qu’il est soupçonné de persécutions pour des motifs d’ordre politique, racial et religieux, de déplacement forcé de population, et de destructions de villes et villages. Il est poursuivi pour les meurtres commis sous son autorité d’au moins 150 civils serbes de Krajina. Il est aussi accusé de pillage et de destruction de bâtiments et d’habitations serbes dont le but aurait été d’empêcher tout retour des habitants serbes dans cette région.

Après la guerre, Ante Gotovina est promu inspecteur général de l’armée croate dont il devient l’un des hommes forts. C’est seulement après la mort de l’ultranationaliste président Franjo Tudjman, le 9 décembre 1999, que la situation change du tout au tout. Désireuse de se tourner vers l’intégration européenne, la Croatie fait le choix de coopérer avec le TPIY de La Haye. Ante Gotovina et six autres généraux sont mis à la retraite d’office. L’hebdomadaire croate Nacional a écrit qu’Ante Gotovina aurait alors tenté d’ourdir un coup d’État militaire, tout en revendant des armes à l’IRA et à l’ETA.

Ante Gotovina et la DGSE : de la protection au lâchage

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Extrait des carnets Rondot

Dès cette période, le Bureau du Procureur du TPIY ouvre une enquête sur Ante Gotovina. Au printemps 2001, la publication imminente de son acte d’accusation est annoncée. Pourtant, le 11 avril 2001, Ante Gotovina se présente à l’ambassade de France de Zagreb, où il obtient immédiatement un renouvellement de son passeport français, « talisman » qui va se révéler précieux pour le futur fugitif. L’acte d’accusation du général est finalement communiqué aux autorités croates le 8 juin 2001, qui le rendent public le 26 juillet. Le général a déjà pris le maquis et aurait rapidement quitté la Croatie.

Le dossier Gotovina devient une préoccupation majeure des diplomaties occidentales au début de l’année 2003. Les USA offrent une prime de 5 millions de dollars pour sa capture, et les pressions se multiplient sur Zagreb. En février 2003, selon Le Monde, la DST aurait été informée par les services croates de la présence de Gotovina dans un petit village des environs de Calvi, en Corse. Aucune opération n’est toutefois montée pour essayer d’arrêter le fugitif.

Le rôle de la France est évoqué dans les cercles bien informés pour expliquer la facilité de sa fuite. Dans un télégramme diplomatique daté du 18 avril 2003 à destination de son ambassade à Zagreb, avec copie à toutes les directions de la police, le ministère français des affaires étrangères reconnaît l’erreur, « commise de bonne foi », qu’a constitué la délivrance d’un nouveau passeport à Ante Gotovina. Le télégramme précise toutefois : « A la connaissance des autorités françaises, Gotovina ne réside pas en France ».

Au début de ce mois d’avril 2003, le général Rondot notait dans ses carnets : « Voir Ante Roso », évoquant un rendez-vous à Dubrovnik le 16 avril à 12h30, au restaurant Orhan, précisant : « dire à Ante Roso que AG reste là où il est ». Cette note indique explicitement que le général Rondot était en relation avec Ante Gotovina par l’intermédiaire d’un autre personnage à la biographie lourdement chargé, le général Ante Roso, qu’il connait depuis le début des années 1990.

Dans la note du 17 mars 2005, Rondot précise d’ailleurs : « J’ai été amené à me rendre plusieurs fois en Croatie et en Bosnie en liaison avec le général Ante Roso, (ancien légionnaire, à l’époque chef des forces spéciales), pour y contrôler le bon déroulement de nos actions, ceci jusqu’à mon départ du ministère de la défense, en 1993 ».

Ante Roso, et les bons réseaux d’autres anciens de la Légion

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Extrait des carnets Rondot

Ante Roso, lui aussi ancien légionnaire, était durant la guerre à la tête des Unités spéciales de l’armée croate (Specijalne Jedinice HV). Dans les faits, ces formations oeuvraient hors de la chaîne de commandement de l’armée et sous contrôle direct du ministre croate de la défense Gojko Šušak. Ces unités ont commis des exactions dans les régions contrôlées par les forces serbes. Le nom d’Ante Roso est également cité dans les affaires de vente d’armes de la DST comme intermédiaire local de Jacques Monsieur, qui a fourni à Zagreb pour des dizaines de millions de dollars de matériel provenant de Chine et d’Iran.

Dans ses notes, le Général Rondot évoque dès le printemps 2003 les conditions d’une éventuelle reddition d’Ante Gotovina, suggérant d’en parler à Carla Del Ponte. Il ajoute même que Gotovina pourrait négocier sa liberté contre « K et M ». K et M, ce sont bien sûr Radovan Karadžić et Ratko Mladić. Cette mention pose de sérieuses questions : qui, selon Rondot, aurait été en mesure de fournir au TPIY des informations sur les deux inculpés serbes : Ante Gotovina ou les services français ?

Durant toute la période, en effet, Paris mène des négociations particulières avec Belgrade autour de la capture ou de la reddition des deux fugitifs. Le 31 janvier, le général Rondot évoque ainsi des négociations avec le premier ministre serbe Vojislav Koštunica et le ministre de l’intérieur, Dušan Mihailović, en ajoutant ce commentaire désabusé : « La DGSE inopérante ».

Plus tard, le 17 décembre, « K et M » seraient disposés à se rendre, et le général Rondot envisage de se rendre à Belgrade pour rencontrer le KOS, les services de contre-espionnage militaires serbes. Le 21 juillet 2004, le général Rondot rappelle que l’arrestation des deux fugitifs est une « priorité » pour le Président de la République, mais estime qu’une action de la DGSE serait une « mauvaise approche ». Ce type de mentions revient presque chaque mois, mais le dossier Gotovina demeure toujours la principale priorité.

Le 8 octobre 2004, dans une note de synthèse initialement citée par Le Monde, la DST piste le général Gotovina non plus en Corse mais dans le sud-est de la France, cette fois ! Il « aurait choisi de s’installer dans le sud-est de la France en raison du réseau relationnel qu’il avait tissé alors qu’il était légionnaire dans les milieux d’extrême droite et du banditisme implantés dans cette région. (...) Il bénéficierait localement de suffisamment de protections mafieuses, voire de personnalités locales, pour vivre sans avoir à se terrer et serait en mesure de se déplacer à l’étranger sans difficultés particulières. » Là encore, aucun service de police français n’a été officiellement chargé de rechercher le fugitif.

Le 6 décembre 2004, le général Rondot note, en faisant le compte-rendu d’une réunion avec Philippe Marland, le directeur de cabinet de Michèle Alliot-Marie, que « Gotovina n’est pas France ». Il ajoute qu’il pourrait se trouver « en Croatie Catho ». L’information, largement reprise par la presse croate, serait venue du MI5 britannique. Après avoir rencontré à Rome Mgr Giovanni Lajolo, Secrétaire d’Etat du Vatican, qui refuse de lui communiquer la moindre information, Carla Del Ponte accusa publiquement l’Eglise catholique de cacher le fugitif. L’hypothèse n’a jamais été confirmée.

À partir du début de l’année 2005, la traque d’Ante Gotovina s’intensifie. Le 17 février 2005, une note du général Rondot indique à propos « de l’opération criminels de guerre G » : « processus enclenché ». Le 1er mars, il note : « opération G suit son cours », précisant que « G n’a aucun intérêt à bouger avant le 17.03 ». C’est à cette date que devaient s’ouvrir les négociations d’adhésion de la Croatie à l’Union européenne. Elles furent reportées, précisément en raison du manque de coopération de Zagreb avec le TPIY et de la non-arrestation d’Ante Gotovina...

Ce même 1er mars, le général Rondot a évoqué, au cours d’une réunion avec Philippe Marland, son projet d’aller à Zagreb pour rencontrer « Mme G », très probablement Dunja Gotovina, l’épouse du fugitif. Au cours de cette réunion, ont également été évoquées de récentes déclarations de Carla Del Ponte, qui menace de faire des révélations sur les « incapacités de l’OTAN ». Placide, le général ajoute : « Rien à reprocher aux Français de ce côté là ».

« Indignée », Carla del Ponte rencontre Jacques Chirac

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Ante Gotovina

A ce moment, la France se trouve réellement dans une situation délicate par rapport au TPIY. Le général Rondot évoque le besoin d’en parler au chef d’état-major particulier du Président, à savoir le général Georgelin, en notant que Jacques Chirac « ne veut pas mettre la France en difficulté par rapport au TPIY ».

Le 14 mars 2005, Carla Del Ponte arrive à Paris pour une réunion houleuse avec le président Chirac et Michèle Alliot-Marie. Selon les notes du général Rondot, la procureure est « indignée ». Elle évoque la « protection de G par la France » et précise qu’il n’a jamais été question « d’une médiation mais d’une capture ». Philippe Rondot rencontre à son tour Carla Del Ponte le 16 mars. En homme avisé, il prépare cette entrevue en notant dans ses carnets : « je ne n’ai pas vu G, je ne donne aucune indication sur sa localisation, on arrête la médiation ».

La valse-hésitation du général Rondot touche cependant à son terme. Selon le général Georgelin, le président français est sorti ébranlé de sa réunion avec Carla Del Ponte et donne une nouvelle consigne claire : « Il faut capturer le général Ante Gotovina ».

Trois jours après la rencontre le Président et Carla Del Ponte, le 17 mars, Rondot prend acte de cette nouvelle stratégie, non sans souligner les conséquences qui pourraient en découler pour la France. Dans la note de synthèse qu’il adresse alors à Jean-Louis Georgelin, il revient sur 15 ans d’engagement de Paris auprès des forces croates et précise « que le bilan de cette opération a été très positif ». Il préconise donc, « pour ces raisons - que ne connaît naturellement pas le procureur du TPIY et qui sont couvertes par le ’secret défense’ protégeant les opérations et les personnels de la DGSE - [...] de traiter le ’dossier Gotovina’ de façon particulière ». Le double langage que tient la France à l’égard du TPIY est ainsi explicitement reconnu.

Cependant, le général Rondot reste confiante : « Le général Ante Gotovina m’a fait savoir, par l’entremise du général Ante Roso [...], qu’il ne révèlerait jamais les liens qui ont pu exister, à l’époque de la guerre, entre lui et nous ». Toutefois, ajoute-t-il, « il existe très certainement des traces laissées par l’action de la DGSE, compte tenu de son importance et du nombre substantiel de personnels que nous avons engagés au côté des Croates dans ces circonstances particulières. Je pense, comme la DGSE, que ce soutien français pourrait être mis à jour dans le cadre d’une enquête poussée ».

Le 22 mars, une réunion de crise se tient chez Philippe Marland. Rondot note « le ministre de la défense a bien compris » - il faut probablement entendre que Michèle Alliot-Marie a bien compris le nouveau discours présidentiel mais aussi les dangers que pourrait représenter pour la France la capture de Gotovina. Rondot poursuit : « Il n’est pas question de servir de chèvre », c’est à dire d’appât pour attirer Gotovina dans un piège. Il précise : « La balle est chez A.G. On verra ce qu’on fait s’il se manifeste - prévenir Daniel ». Ce dernier est un agent de la DGSE opérant dans les Balkans, fréquemment cité par Rondot.

Le 4 avril 2005, le climat se tend encore. Michèle Alliot-Marie se fait semoncer au téléphone par Carla Del Ponte. La procureure spécifie à la ministre de la défense qu’elle est « uniquement intéressée par Gotovina ». Deux jours plus tard, le 6 avril, une réunion chez la ministre, en présence de Philippe Marland, permet de faire le point. Rondot évoque son refus de « capturer Gotovina par la ruse ». Michèle Alliot-Marie approuve. Les participants à la réunion envisagent deux éventualités : « Gotovina parle » (s’il est arrêté), ou bien « Gotovina est tué : on désignera la France ». Le général évoque « les conséquences pour la DGSE de capturer Gotovina », en recommandant de préparer « des éléments de langage »...

La réunion se conclut sur la décision que Michèle Alliot-Marie appellera Carla Del Ponte, pour lui annoncer que le général Rondot « ne traitera plus avec elle les opérations Criminels de guerre ». En clair, la France affirme qu’elle cessera de mener des opérations en solitaire, concentrant ses moyens dans le cadre de la task-force « Fervent archer », la structure commune de plusieurs pays de l’OTAN. Toutefois, quelques lignes plus bas, le général précise le nouveau « cadre de travail » : la direction du renseignement militaire collaborera avec Fervent archer, mais la DGSE poursuivra tout de même ses « opérations clandestines »...

Un mois plus tard, une autre réunion chez Philippe Marland amène à une conclusion cette fois radicale : « ne plus traiter G », c’est à dire cesser de lui accorder toute espèce de protection. Ante Gotovina est effectivement arrêté huit mois plus tard, le 7 décembre 2005, dans un restaurant de Tenerife, aux îles Canaries.

Les policiers croates avaient intercepté quelques jours plus tôt un appel du fugitif sur l’un des dix-huit portables de sa femme. Carla Del Ponte écrit dans ses mémoires que Dunja Zloic n’avait pas changé la carte SIM de son téléphone portable après avoir reçu un appel de son mari, un « oubli » qui indique que celle-ci avait peut-être « réagi en épouse délaissée ». En effet, Ante Gotovina a été interpellé « en compagnie d’une très belle femme ».

Le procès conjoint de Ante Gotovina et de deux autres généraux croates, Ivan Čermak et Mladen Markac, s’est ouvert le 11 mars 2008, les réquisitoires et les plaidoiries ont eu lieu du 30 août au 1er septembre 2010. Le jugement est attendu. Mais la protection accordée par la France au général Gotovina n’a jamais été évoquée devant la Cour.

A suivre : « Comment la France défend d’autres inculpés devant le TPIY : le cas du général serbe Perišić »

http://balkans.courriers.info/article17011.html






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