A lire : Yves-Marie Laulan, un démographe accuse Giscard et Chirac
12/01/2009 14:14
Yves-Marie Laulan, économiste, démographe et banquier, a suivi une carrière qui l’a mené des cabinets ministériels aux institutions internationales (FMI, Banque mondiale, OTAN), en passant par la Société Générale, le Crédit Municipal de Paris et la Caisse Française de Coopération économique. Il a enseigné également dans diverses universités, dont l’Institut d’Études Politiques de Paris. Il a publié, en France et à l’étranger, une quinzaine d’ouvrages d’économie ou de géopolitique. Il a participé à la campagne présidentielle de Valéry Giscard d’Estaing et a été secrétaire national du RPR pour les Questions économiques. Et pourtant, dans son dernier ouvrage - à paraître Mercredi - intitulé Le couple Giscard-Chirac - Deux années de plomb qui amorcent le déclin : 1974-1976, il analyse la responsabilité historique de l’ancien Président et de son Premier ministre dans les maux actuels de la France.
Yves-Marie Laulan a répondu aux questions de Fabrice Bianco et a autorisé Novopress à reproduire en avant-première quelques « bonnes feuilles » de son ouvrage.
La loi Veil entraîne un déficit chronique des naissances d’origine française qui crée un appel d’air pour l’immigration comme en témoigne le gonflement des flux migratoires et des naturalisations (voir infra). La France est ici victime d’une immigration de type nouveau, celle qui tend à substituer une nouvelle population à l’ancienne. Ainsi, en 2005, 16 % des naissances étaient d’origine musulmane. Combien dans 30 ans ?
§1 - Le constat : les chiffres
A - Le rapport entre avortement et fécondité.
Rappelons tout d’abord une évidence de base. Si toutes les femmes enceintes se faisaient avorter, la fécondité française serait égale à zéro, car il n’y aurait plus de naissances vivantes. Cela n’est heureusement pas le cas. Mais à un rythme de croisière de 200 000 avortements par an (plus probablement proche de 250 000), pour 800 000 naissances vivantes par an, cela représente très exactement le quart, proportion évidemment colossale, et inacceptable, qui interpelle l’esprit.
Il est donc difficile de nier l’évidence, à savoir que la loi Veil a eu, et a encore, une incidence démographique déterminante. Cela est d’autant plus manifeste si l’on considère l’évolution du nombre des avortements et de l’installation des étrangers sur le territoire français sur la longue période, depuis la loi Veil de 1974. Les chiffres parlent d’eux-mêmes.
Sur 34 ans, le nombre des avortements enregistrés dans notre pays est en progression constante, au dessus de 200 000 par an. Ce qui représente, pour cette période, près de 7 millions de petits Français (6,8 très exactement) qui ne sont pas venus au monde. Or les statistiques les plus fiables font état d’entrées d’étrangers de l’ordre de 200 000 par an également .
L’égalité de ces deux chiffres donne à réfléchir. Il est clair qu’il n’y a pas eu substitution chiffre pour chiffre, nombre pour nombre. Mais il est non moins évident que l’avortement de masse, et la sous fécondité qu’il a provoquée, ont créé un environnement propice au gonflement des flux migratoires. Cela est d’ailleurs tellement évident que les autorités de Bruxelles, devant l’impact désastreux de la chute de la fécondité au niveau européen sur la population active et l’économie, n’ont rien trouvé de mieux comme remède que de prôner une entrée massive de travailleurs étrangers .
Ces indications sont corroborées par les travaux de l’INED. Dans un colloque de l’Institut de Géopolitique des Populations de 2004, il a été indiqué que l’on pouvait évaluer à environ 13,5 millions de personnes (4,3 millions d’adultes, 5,5 millions d’enfants et 3,6 millions de petits enfants) le nombre d’immigrés et leurs descendants entrés en France après 1950 (dont la très grande majorité depuis 1974).
Sur ce total, les ressortissants de pays situés en dehors de l’Union européenne (Turquie, Maghreb et Afrique noire) représentent à peu près la moitié, soit encore 7 millions de personnes.
B - Vers une substitution de population.
Certes, le chiffre officiel des étrangers en France varie peu d’année en année. Il s’est stabilisé autour de 3,5 millions de personnes, chiffre consacré que la presse et les média bien pensants répètent pieusement en choeur depuis des années. Mais ce décompte est évidemment trompeur. Car il oublie simplement de tenir compte des naturalisations, lesquelles à un rythme annuel de 150 000, font disparaître le même nombre d’étrangers des statistiques enregistrant la population étrangère en France. C’est l’image bien connue du tonneau qui se remplit à une extrémité et se vide à l’autre, et dont le niveau reste constant.
L’enquête de recensement de l’INSEE de 2004/2005 estimait la population étrangère à 4,9 millions, soit 8,1 % de la population française, avec une augmentation de 600 000 personnes par an.
Mais à l’immigration s’ajoute le différentiel de fécondité entre les femmes d’origine immigrée, soit un indice de fécondité de 2,7 enfants par femme, contre un indice de 1,7 enfant par femme pour les femmes françaises (la différence entre l’indice officiel de 1,9 enfant par femme tant vanté dans la presse et l’indice réel, soit 1,7, s’explique effectivement par ce différentiel de fécondité).
Ainsi, en 2005, le pourcentage des naissances d’origine étrangère représentait au moins 12 % du total des naissances (16 % selon d’autres sources ) .
Mais l’immigration clandestine intervient aussi pour expliquer l’accroissement invisible des communautés d’origine étrangère, notamment par le biais des opérations de régularisation. A côté des régularisations ponctuelles, 130 000 en 1981, 150 000 en 1991, 100 000 en 1997, il faut tenir compte des régularisations de plein droit, 20 00 à 30 000 chaque année, opérées depuis 1997 en fonction de certains critères ( plus de 10 années de résidence par exemple).
En conséquence, sur la base des tendances actuelles, la France tendrait vers une situation où les immigrés hors Union européenne pourraient représenter jusqu’à 30 % de la population française. Circonstance aggravante, cette population d’origine immigrée serait largement constituée d’éléments majoritairement jeunes ( comme dans les pays en voie de développement) alors que la population autochtone résiduelle serait formée en grande partie de personnes âgées(voir ci-dessous pour plus de détails).
On assiste donc bien, phénomène sans précédant historique, à une transformation excessivement rapide, en l’espace de moins d’une génération, de la composition de la population française .
§2 - Les conséquences économiques.
Mais ce phénomène a-t-il des conséquences dommageables ? Après tout, les Etats-Unis se sont bien constitués à partir de l’immigration, et la France elle-même a eu recours à ce procédé pour combler les vides creusés par la guerre de 14/18.Il importe ici de réfuter une fois pour toutes le sophisme cent fois répété pour justifier la croissance de l’immigration présentée comme une ondée régénératrice, voire une manne bienfaisante.
En réalité, la France accueille depuis 30 ans « une immigration de chômage et de précarité » . L’immigration dite de travail, ne représente pas plus de 5 % du total. Aussi n’est-il guère surprenant que cette immigration ait un coût exorbitant qui pèse de plus en plus lourdement sur le budget public et sur les comptes sociaux. En effet, le premier souci d’une famille d’immigrés qui arrive en France est de s’inscrire à l’ANPE.
A - Le coût de l’immigration
Ce coût a été estimé par des équipes de chercheurs à 36 milliards d’euros (il s’agit d’une évaluation minimale : le coût effectif serait sans doute plus proche du double) .Il touche pratiquement toutes les facettes de la vie sociale et concerne notamment le logement, la santé, la scolarisation, le chômage et la délinquance, comme on le verra ci-après à propos des difficultés de l’intégration.
L’AME, l’Aide médicale de l’Etat, fournit des soins gratuits aux sans-papiers malades : on dénombrait 191 000 bénéficiaires en 2006. Les dépenses s’envolent: le budget de l’AME dépasse 400 millions d’euros. Cela n’est pas surprenant, car les dépenses par tête, 2 500 euros par an, dépassent largement les dépenses annuelles moyennes des assurés du régime général, 1 500 euros.
La scolarisation est considérée comme un droit pour tous, clandestins ou immigrés de plein droit. En 2001, on comptait 1 200 classes dites d’initiative à statut spécial, donc plus coûteuses, accueillant 25 000 élèves. Mais cela ne suffit pas.
Par ailleurs, les familles françaises fuient vers le privé, abandonnant le secteur public aux enfants d’immigrés qui reçoivent une scolarisation au rabais.
Il manque 400 à 500 000 logements. Les foyers d’immigrés sont surpeuplés. L’Etat finance donc 25 000 chambres d’hôtels pour un coût supérieur à un milliard d’euros. Il faudrait construire 100 000 logements supplémentaires par an (à des conditions évidemment préférentielles), pour accueillir les nouvelles vagues d’immigrés. D’où une multiplication des « squats », de 1 800 à 2 000, abritant la plupart du temps des familles d’origine africaine ( souvent polygames).
B - Immigration et croissance économique.
Pour ce qui concerne l’économie française, le fond du problème est que ces flux migratoires (dont 65 % proviennent de l’Afrique noire) sont formés, pour l’essentiel, de personnes dépourvues de toute qualification professionnelle. Une bonne proportion, (jusqu’au tiers) ne parle même pas français. Il serait difficile, dans ces conditions, de s’attendre à ce que ces migrants puissent apporter une quelconque contribution à la création de richesses.
En fait, en supposant que ces migrants ne soient pas tôt ou tard happés par le monde de la délinquance et qu’ils parviennent tant bien que mal à intégrer le marché du travail, ces travailleurs sans formation seront nécessairement voués à des tâches sans qualification. ll s’ensuit, dès lors qu’ils formeront une fraction significative et croissante de la population active, que la productivité moyenne de la main d’oeuvre française est appelée à baisser peu à peu. En conséquence, la présence de ces travailleurs non qualifiés va tirer vers le bas les taux de la croissance économique.
La conclusion qui s’impose est que l’immigration n’est pas « une chance pour la France », mais plutôt un handicap structurel . Et rechercher dans un surplus d’immigration le remède à l’insuffisance du volume de la main d’oeuvre est une ineptie intellectuelle de premier ordre. Mieux aurait valu, d’un point de vue économique, pour maintenir le niveau de vie français, laisser venir au monde des millions de petits Français que d’aller chercher ailleurs les hommes que la France n’a pas eu le courage -ou le bon sens- d’ élever chez elle.
C - Immigration et financement des retraites
Ce simple constat de bons sens réduit à néant le slogan que les avocats de l’immigration ont ressassé pendant des années, à savoir que « les immigrés allaient payer nos retraites » .
C’était tout simplement oublier que la capacité contributive pour le financement des retraites d’un immigré non qualifié, manoeuvre ou femme de ménage, n’a rien à voir avec celle d’un cadre de l’industrie, d’un médecin ou d’un informaticien. Ses cotisations, dans le meilleur des cas, seraient à peine suffisantes pour financer sa propre retraite le moment venu.
En fin de compte, la loi Veil, qui a contribué à réduire de façon dramatique le nombre des naissances vivantes en France, n’aura pas été une bonne affaire ni pour la croissance de l’économie française, ni pour le financement des retraites.
§3 - La loi Veil et l’intégration des populations immigrées.
Seule une population d’accueil à la fécondité vigoureuse et dotée d’une population jeune est en mesure d’intégrer convenablement des hommes venus d’ailleurs. Ainsi s’explique largement l’échec de l’intégration des immigrés dans notre pays depuis 30 ans.
A - Des naturalisations à la pelle.
Certes, la France naturalise. Elle naturalise même à tour de bras, par fournées entières, entre 100 000 et 150 000 selon les années, à un rythme bien supérieur à celui de nos voisins, beaucoup plus regardants sur l’octroi d’un bien précieux entre tous, la nationalité .
La France généreuse a toujours été intimement convaincue, miracle d’une certaine idéologie républicaine, que l’attribution d’un simple document, en l’occurrence une carte d’identité, allait, dans l’instant, transformer un jeune issu d’une communauté étrangère en un bon petit Français, fils de Clovis ou de Vercingétorix. Il a fallu déchanter.
B - Le mal des banlieues.
Ce mal se caractérise par la prolifération des « cités » et des « quartiers sensibles qui colonisent peu à peu, de proche en proche, le territoire métropolitain, en essaimant comme une gangrène, des banlieues aux espaces ruraux. Une enquête récente évaluait à 2 630 le nombre des quartiers sensibles abritant dans des conditions d’insalubrité grave quelques 2 millions de personnes provenant à 80 % du Maghreb et d’Afrique noire (Ile-de-France, Lyon, Toulouse, Marseille).
En matière de délinquance juvénile, la France possède le triste privilège d’être championne d’Europe (derrière l’Estonie et l’Irlande) avec un taux de 18,8 % de l’ensemble des délits. En 2005, le chiffre officiel des voitures brûlées était de 45 588 véhicules ; on en comptait déjà 31 500 pour les 6 premiers mois de 2006.
Les taux de chômage des jeunes issus de l’immigration sont le double de ceux de la moyenne nationale. Faute de qualification, les jeunes immigrés réclament à cor et à cri des emplois qui n’existent plus dans une économie moderne. Ces jeunes désoeuvrés, loin de l’école, se livrent à toute sorte de petits trafics illicites, drogue pour les caïds, objets volés pour les autres. Il en résulte des conflits territoriaux auxquels se livrent ces gangs à caractère mafieux.
Le déracinement social et la destruction des structures familiales traditionnelles, notamment en ce qui concerne l’autorité des parents, suffisent à expliquer le désarroi de jeunes déboussolés, sans repères, proies faciles pour les gangs mafieux ou l’islamisme.
Il en résulte un climat insurrectionnel latent prêt à dégénérer en émeutes à la moindre occasion et sous le moindre prétexte, comme en octobre 2005, et encore le 29 mars 2007 à la gare du Nord. Le moindre incident, la moindre vétille, tout devient prétexte à émeute avec son rituel devenu traditionnel de violences urbaines.
Car les « Jeunes », -selon la pieuse expression forgée par le quotidien Le Monde, (expression qui contient toute l’hypocrisie du monde)- sont habités par la « haine », haine de la France et des Français. D’où la recrudescence d’une délinquance d’un type nouveau non plus à la recherche, comme auparavant, de rapines, mais visant à nuire, à faire du mal à autrui.
Rien qu’en 2006, ces violences à la personne ont augmenté de 12,45 %. Même le Monde en est réduit à mettre la sourdine à 30 années d’hypocrisie et de dissimulation confites dans les bons sentiments en titrant le 15 mai 2005 : « Le spectre de violences anti-blanc ».
C’est une forme perverse de racisme à l’envers. Agissant en bandes pour se donner du courage, ces Jeunes issus de l’immigration agressent toute personne porteuse du symbole de l’autorité ou simplement du service public : policiers, pompiers, médecins, chauffeurs de bus. Ils n’épargnent pas pour autant les éléments les plus vulnérables de la société, jeunes femmes, handicapés, malades, enfants, personnes âgées.
Mais l’islamisme n’est pas loin. Il prend racine dans ces communautés sauvages de jeunes qui ont perdu toute référence sociale ou familiale pour instaurer un ordre nouveau reposant, entre autres choses, sur la violence faite aux femmes, objets de domination.
Ainsi Simone Veil, qui voulait tant venir en aide à quelques femmes en détresse par l’avortement a-t-elle indirectement réussi, par un singulier détour de l’histoire, à condamner d’autres femmes immigrées, plus nombreuses, à une détresse existentielle plus terrible encore.
C - Les plans Banlieues
Qu’il y ait échec, nul ne peut raisonnablement le nier aujourd’hui, en dépit des milliards d’euros dépensés en pure perte depuis des années pour cela, comme le rappelle un récent rapport de la Cour des Comptes. La meilleure preuve en réside dans la dernière mouture des multiples « Plans Banlieues ».
Le plus récent a été présenté en janvier 2008 par Favela Amara, la dernière « trouvaille » de la présidence de la République. Ce programme a été baptisé, pour faire neuf, le « plan Espoir Banlieues », ce qui change évidemment tout.
Il portera, bien entendu, sur plusieurs milliards d’euros soigneusement dissimulés et éparpillés comme d’habitude sur les budgets de divers départements ministériels. Selon ses auteurs, il devrait, une bonne fois pour toutes, guérir le « mal des banlieues » qui ronge la France depuis tant d’années.
Mais ce mal est-il guérissable ? Il est permis d’en douter. Jusqu’ici, rien n’a marché. Peut-être tout simplement parce que rien ne peut marcher. Quelles que soient les bonnes intentions et les sommes vertigineuses déversées dans ce gouffre sans fond, par quel coup de baguette magique pourra-t-on transformer quelques centaines de milliers de jeunes issus de l’immigration non éduqués, non scolarisés, non motivés, en autant de bons citoyens respectueux de l’ordre et des lois de la République ? Les enfants de l’immigration sont-ils assimilables ?
La France est aujourd’hui en présence d’un immense et perdurable échec humain et social, pratiquement insurmontable.
Yves-Marie Laulan Le couple Giscard-Chirac - Deux années de plomb qui amorcent le déclin : 1974-1976, A paraître mercredi aux Editions François Xavier de Guibert 18 €.