Dans les locaux du XXème arrondissement de la petite association NSI, on n’a pas attendu de message radio pour se porter au chevet des personnes âgées et isolées de la capitale. Depuis le 1er janvier, Arlette, la présidente, ne compte plus le temps passé au téléphone, à appeler ses « mamies ».
« D’abord pour leur souhaiter la bonne année, mais aussi pour les mettre en garde : ne pas sortir, ne pas oublier de boire… leur dire qu’on s’en occupe de leurs courses. »
NSI, pour Non à la solitude et à l’indifférence, a justement vu le jour au lendemain de la canicule de 2003, créée par des Parisiens bénévoles, ulcérés que des grands-mères et grands-pères puissent décliner dans l’indifférence, sur le palier ou dans la rue d’à côté.
Six ans et quelques déconvenues plus tard, l’association, frustrée de subventions, n’a pas rendu les armes. Même si les 60 bénéficiaires (un seul « papy ») représentent une goutte d’eau, au regard des quelque 175 000 plus de 75 ans que compte Paris intramuros.
En signant, les 70 bénévoles s’engagent à rendre visite à une personne, toujours la même, une fois par semaine au moins. Conseils, courses, sorties accompagnées ou simple lecture du courrier… « Il n’y a pas deux missions identiques », dit Arlette. La constante, « c’est que l’on récrée du lien social, pour des personnes dont beaucoup sont complètement isolées. Tout l’entourage de leur âge est décédé. La famille ne se manifeste que deux ou trois fois par an… ».
Au téléphone, elle entend parfois les larmes d’une grand-mère de 92 ans qui a passé les fêtes à attendre une visite qui ne vient pas. « Cela participe à l’angoisse que l’on sent chez ces personnes, accrue ces jours-ci par le froid, qui fait craindre la grippe, les maladies, l’inéluctable. »