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Créé le : 02/09/2007 21:02
Modifié : 10/06/2011 13:27

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IL Y A 90 ANS, ON PROMETTAIT (DEJA) DES LENDEMAINS RADIEUX…

10/01/2009 21:44



ROSALIA ZALKIND, dite ROSALIA ZEMLIACHKA

 

2deba45a4cdb5d5d5bd35a62a3fbbddd.jpgSous ce doux prénom de Rosalia se cache une véritable harpie bolchevique qui n’avait strictement rien à envier à ses homologues masculins et qui saura démontrer l’étendue de ses talents durant la Grande Terreur.

Rosalia Zalkind naît en 1876 dans une famille de commerçants juifs de Kiev, en Ukraine. Elle y fréquente l’université et s’initie rapidement, au contact de ses frères, aux idées révolutionnaires. Elle est d’abord membre de la Narodnaya Volya (la Volonté du Peuple), mais se tourne vers le marxisme dès 1896. Elle n’a que vingt ans et déjà quelques séjours en prison derrière elle.

Parmi ses amis se trouve un certain Léon Trotski qui lui fait rencontrer Lénine en 1903 -  l’année où les bolcheviques se séparent des mencheviques - et l’introduit au comité du parti de Saint-Pétersbourg. Sous le nom de guerre désormais de Zemliachka, elle participe avec ardeur à la révolution de 1905, qui échoue. Elle fera le coup de feu sur les barricades et découvrira à cette occasion que la violence, ça lui plaît.

En février 1917, elle participe à nouveau à la révolution en sa qualité de secrétaire du  comité  des bolcheviques de Moscou. En 1918, elle est volontaire pour monter au front contre les « blancs ». La voilà donc enrôlée dans l’Armée Rouge, qui ne recrutait pas spécialement les  femmes, mais ne refusait pas celles qui se présentaient.

Elle est désormais à son affaire, nommée officier politique en chef de la 8ème armée en Ukraine. Que s’y passe-t-il ? Difficile de le savoir vraiment. Toujours est-il qu’elle est déplacée en avril 1919, après que le moral de la 8ème armée soit tombé bien bas. Elle est à présent affectée à la 13ème armée où elle fait un esclandre mémorable dès son arrivée.

Elle va être chargée de « nettoyer » la Crimée en 1920 après la défaite des blancs et pour ce faire, prendra la relève de Bela Kun qui avait lui-même opéré dans la même région l’année précédente. Zemliachka va procéder à des massacres de masse de tous les « ennemis du peuple » qui auront le malheur de tomber entre ses mains et sera récompensée des éminents services ainsi rendus à la révolution par l’Ordre du Drapeau Rouge, qui lui sera décerné en 1922.

Après la guerre civile, elle est en poste dans l’Oural, mais surveille de près l’ascension de Staline qu’elle seconde de son mieux dans des postes liés à la « sécurité »  et à la discipline du parti. Travaillant étroitement avec le NKVD, elle traversera toutes les purges sans y laisser la moindre plume, recevant même en 1936, pour son zèle militant, la plus haute distinction d’URSS, à savoir l’Ordre de Lénine. L’année suivante, en 1937, elle est admise au Soviet Suprême.

Et ce n’est pas fini. Cette bolchevique de la première heure, amie de Trotski et de Lénine, sera nommée commissaire du peuple à l’économie en 1939 ! Devenant ainsi la femme la plus haut placée d’Union soviétique. Durant la guerre, elle reviendra à ses premières amours -  militaires - aidant à organiser la défense de Moscou.

Elle mourra en 1947, toujours aussi stalinolâtre, et en sera bien récompensée. Ses cendres sont en effet enterrées dans la nécropole du Mur du Kremlin. Un honneur réservé aux meilleurs.

22.12.2007

IL Y A 90 ANS, ON PROMETTAIT (DEJA) DES LENDEMAINS RADIEUX… (31)

FANNY KAPLAN

8a1c1f03c87e2278725b5a37660734ef.gifDe prime abord, question caractère, elle me fait assez penser à Charlotte Corday. Sauf qu’elle rata son coup. Et que Charlotte avait véritablement agi seule, elle… Que se serait-il passé si ce jour-là, Lénine avait été abattu ? Bah, tant d’autres se bousculaient pour le remplacer que vraisemblablement, le cours de la révolution n’en eût pas été dévié pour autant …

Une certaine aura de mystère entoure Fanya, ou Dora, Kaplan. Elle naît en 1883 dans une famille juive pauvre comptant sept enfants. Cette pauvreté n’empêchera pourtant pas ses parents d’émigrer plus tard vers les Etats-Unis. Sans doute grâce à certaines relations de leur fille … Mais n’anticipons pas. Elle milite très jeune au parti socialiste-révolutionnaire. En 1906, elle se fait arrêter à Kiev pour une affaire de bombe ayant explosé au mauvais moment. Premier ratage. Elle est condamnée aux travaux forcés en Sibérie et y perdra en partie la vue.  Elle a déjà purgé 11 ans de peine lorsque la révolution de février 1917 éclate et lui rend la liberté. Tout le reste de sa courte vie sera désormais empoisonné de violents maux de tête et de problèmes de vue.

On a vu que les bolcheviques et les socialistes-révolutionnaires s’opposaient notamment sur le traité de Brest-Litovsk qui avait mis fin au conflit avec l’Allemagne. Ainsi qu’en raison de  luttes de pouvoir, que chacun voulait garder pour soi. Les bolcheviques comptaient leurs soutiens les plus sûrs dans les soviets tandis que leurs concurrents avaient fait élire l’Assemblée Constituante qu’ils présidaient et que les bolcheviques firent dissoudre en janvier 1918, voulant rester seuls maîtres à bord.

C’est dans ce contexte de lutte ouverte que la socialiste-révolutionnaire Fanny Kaplan décida d’éliminer Lénine. Telle fut du moins la présentation officielle de l’histoire.

Le jour fixé était le 30 août 1918. Lénine devait parler dans une usine de Moscou. Lorsqu’il en sortit, elle l’attendait, l’interpella et tira à trois reprises. Hélas, elle n’y voyait pas très bien et n’en fit pas un cadavre. Seulement un blessé, assez sérieusement atteint à l’épaule et au poumon. Il fut transporté au Kremlin dont il refusa de sortir pour aller à l’hôpital se faire soigner tant il craignait un nouvel attentat. Il survivra cependant quoique sans avoir jamais réellement récupéré de ses blessures.

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Fanny Kaplan fut conduite dans les locaux de la tchéka - alors dirigée par Félix Dzerjinski - et interrogée. Elle déclara ceci: "Je m'appelle Fanny Kaplan. J'ai tiré sur Lénine aujourd'hui. J'ai agi seule. Je ne dirai pas d'où provient le revolver. Je ne donnerai aucun détail. J'étais résolue à tuer Lénine depuis longtemps. Je le considère comme un traître à la Révolution. J'ai été exilée à Akatui pour avoir participé à la tentative d'assassinat du tsar à Kiev. J'y ai passé onze ans de travaux forcés. J'ai été libérée après la Révolution. J'étais en faveur de l'Assemblée Constituante et je le suis toujours."

Elle ne dira rien de plus et refusera de dévoiler les noms de complices éventuels. Elle sera exécutée le 3 septembre 1918, sans jugement. Son exécution avait été organisée par Yakov Sverdlov, celui-là même qui avait orchestré celle du tsar et de sa famille peu de temps auparavant, en juillet 1918. Il demandera expressément à ce qu’il ne reste rien d’elle.

Le même jour, un autre attentat avait tué Moisei Uritsky, commissaire du peuple aux affaires intérieures et chef de la tchéka de Petrograd. Ces deux événements eurent pour effet de déclencher la première vague de terreur rouge. L’occasion était trop belle de se débarrasser de tous les gêneurs au nom du sacro-saint intérêt supérieur de la révolution.

Mais l’histoire est sans doute plus complexe qu’il n’y paraît à première vue. Et il est bien possible que ces deux attentats aient fait partie d’un complot des Anglais visant à décapiter la révolution bolchevique. Un personnage très curieux, du nom de Sigmund Rosenblum, alias Sidney Reilly, y jouera un rôle non moins étonnant et important. Nous aurons l’occasion de reparler de ce client très particulier. Le revolver utilisé par Fanny Kaplan lui avait été fourni par Boris Savinkov, qui avait dirigé la section terroriste du parti socialiste-révolutionnaire. Il sera ensuite espion au service de l’Intelligence Service britannique. Arrêté en URSS en 1924, il reconnaîtra alors avoir fomenté l’attentat contre Lénine par l’intermédiaire de Fanny Kaplan. Il se serait suicidé dans la prison de la Loubianka.

Etant donné toutes ces accointances bien mystérieuses, on peut comprendre que l’on ait fait partir la famille de Fanny Kaplan vers des cieux plus tranquilles. Et plus discrets.

19.12.2007

IL Y A 90 ANS, ON PROMETTAIT (DEJA) DES LENDEMAINS RADIEUX… (30)

GESYA GELFMAN

Plus encore que dans le cas de Rosa la Rouge, nous sommes là dans la génération des “précurseurs”, de ceux qui ont pavé la voie aux bolcheviques arrivés ensuite dans la foulée, de ceux qui ont essuyé les plâtres pour eux. Cette génération comporte également un certain nombre de clients intéressants qui généralement ne vivaient pas vieux ….

ca0119a0c7ef9cf54098affffdb05b4c.jpgGesya Gelfman passera à la postérité pour avoir participé à l’assassinat du tsar Alexandre II. Elle naît en 1852 dans une famille juive établie à  Mozyr, en Biélorussie, où vivait une importante communauté. Afin d’échapper à un mariage forcé, dit-on, elle s’enfuira de chez elle vers l’âge de dix-sept ans.

Elle se rend à Kiev, la capitale de l’Ukraine, où elle entreprend des études de sage-femme. Ce qui ne l’empêche pas, parallèlement, d’être membre de plusieurs mouvements révolutionnaires. Elle est arrêtée une première fois en 1875 pour distribution de littérature illégale et condamnée à deux ans d’emprisonnement. En 1879, elle est envoyée en exil en Sibérie, mais s’en échappe et la même année rejoint, à Saint-Pétersbourg, la Narodnaya Volya qui vient de se créer.

La Narodnaya Volya (La Volonté du Peuple) était un mouvement révolutionnaire clairement terroriste qui s’opposait à d’autres groupes moins extrémistes. Plus tard, au début du XXe siècle, la Narodnaya Volya deviendra le parti socialiste-révolutionnaire dont nous avons parlé à diverses reprises. Avec la N.V., la terreur va désormais être adoptée comme méthode de combat.  Et quel symbole plus fort que de s’attaquer au cœur même du pouvoir : le tsar.

Alexandre II, qui avait pourtant introduit quelques mesures « libérales » comme l’abolition du servage, sera visé par les terroristes à plusieurs reprises, attentats qui tous échouèrent. C’est finalement la 7e tentative qui sera la bonne, en mars 1881. Les narodniki réussirent certes à tuer le tsar mais pourtant, d’une certaine façon, ils échouèrent. Ils avaient escompté que ce choc serait de nature à ébranler le peuple et le conduirait à se  soulever. Or, rien ne bougea. Les temps n’étaient pas mûrs. D’autres allaient tirer les marrons d’un feu qui ne brûlait pas encore suffisamment. Et surtout, ils étaient très isolés alors que d’autres, là encore, allaient bénéficier d’innombrables complicités et d’aides diverses.

590d2a588ddf4a84ff067b4d40953d0c.jpg

Pratiquement tous les conjurés furent arrêtés et exécutés. Un seul, Emelianov, parvint à s’enfuir à l’étranger. Gesya Elfman vivait alors avec un collègue révolutionnaire, Nikolai Sablin, qui se suicida lorsque la police vint l’arrêter.

Geysa Gelfman était enceinte à ce moment-là. Elle ne fut donc pas pendue comme les autres, mais condamnée aux travaux forcés à perpétuité, appelés katorga, dans la lointaine Sibérie. Cette « clémence » nous informe Wikipédia, aurait été due à une campagne de presse menée de l’étranger.  On peut cependant s’interroger sur les limites de cette « clémence » qui apparut peut-être à l’époque comme une victoire et qui engendra de grandes souffrances. Car lorsque l’enfant naquit – une fille  – elle lui fut retirée et placée dans un orphelinat où elle ne vivra guère. Geysa Gelfman la suivra de peu, mourant apparemment d’une péritonite, ou folle disent certains, le 12 octobre 1882.

A la suite de l’assassinat du tsar, de violents pogroms secouèrent la Russie et la répression anti-révolutionnaire se fit plus dure. Tous les ingrédients commençaient à s’assembler pour faire monter la pression jusqu’à l’explosion finale.

16.12.2007

IL Y A 90 ANS, ON PROMETTAIT (DEJA) DES LENDEMAINS RADIEUX… (29)

 

Faisant un récapitulatif des révolutionnaires évoqués jusqu’à présent, je m’aperçois que sur une petite trentaine de noms, n’apparaissent que … deux femmes : l’espionne Zarubina et la communiste roumaine Ana Pauker. Serait-ce que les femmes n’avaient pas, elles aussi, l’ardent désir de participer activement à l’avènement du grand soir ? Ce serait bien mal les juger. Aussi, nous allons en évoquer quelques-unes, afin de vous prouver que leur soif de renverser l’ordre établi ne le cédait en rien à celle de leurs compagnons.

J’en profite pour indiquer – mais vous l’aurez remarqué – que je choisis mes « victimes » au gré de l’inspiration. Faire un plan établi, les enfermer trop rigidement dans des catégories fixes m’ennuie, finalement. Je trouve que c’est plus intéressant de circuler à travers les secteurs d’activités, voire les pays. De toute façon, ils n’échapperont pas …

ROSA LUXEMBURG, dite ROSA LA ROUGE

a74b055882b6203f1aa18aaa55cd74cb.jpgSi quelqu’un a eu véritablement la fibre révolutionnaire, c’est bien elle. Qui l’a poussée à ne jamais transiger avec ses convictions et à ne pas ménager ses critiques à l’égard de ses collègues révolutionnaires, quels qu’ils soient. S’inquiétant du chemin suivi par les bolcheviques, elle écrira notamment ceci peu de temps après la révolution d’Octobre : "La liberté seulement pour les partisans du gouvernement, pour les membres d'un parti, aussi nombreux soient-ils, ce n'est pas la liberté. La liberté, c'est toujours la liberté de celui qui pense autrement." [...] "La tâche historique qui incombe au prolétariat, une fois au pouvoir, c'est de créer, à la place de la démocratie bourgeoise, la démocratie socialiste, et non pas de supprimer toute démocratie." Allez, pour avoir écrit – et pensé – cela, il lui sera beaucoup pardonné.

Elle naît en 1870 ou 1871 dans une famille de commerçants juifs polonais et n’a pas dix-huit ans qu’elle est déjà obligée de fuir en Suisse en raison de ses activités politiques. Elle s’est en effet engagée au parti socialiste révolutionnaire polonais Proletaryat où elle manifeste un activisme débordant.

Installée à Zurich, elle reprend des études d’économie politique et s’engage dans diverses activités annexes, comme le lancement d’un journal, La cause ouvrière, en 1893, ou encore celui d’un parti, le SDKP – parti social-démocrate du Royaume de Pologne – en 1894, avec Leo Jogiches, qui restera un compagnon de toute sa vie.

En 1898, elle contracte un mariage blanc avec Gustav Lübeck afin de devenir citoyenne allemande et milite avec ardeur dans les rangs du SPD (parti social-démocrate). Dès cette période, elle s’illustre par des débats théoriques très poussés avec les différentes factions, branches, mouvements existant au sein du marxisme. Je me garderai bien d’entrer dans les détails, il y faudrait plus qu’un article. Mais vous l’aurez compris, c’est une théoricienne brillante et passionnée, bien que souvent moquée par ses distingués confrères qui lui reprochent, étant femme, de se mêler de débats hors de sa (faible) portée.

Ce qui ne l’empêche nullement de poursuivre avec opiniâtreté sa route. Pour gagner sa vie, elle est journaliste, traductrice, car elle parle polonais, russe, allemand, français et yiddish, voire enseignante à l’école des cadres du SPD.

Eclate la révolution de 1905 en Russie. Rosa Luxemburg se précipite en Pologne où elle espère l’embrasement. Mais, fausse alerte, le soufflé retombe et elle est arrêtée. Elle manquera de peu d’être exécutée. Cette fois, elle sera simplement assignée à résidence en Finlande.

Elle n’y reste pas longtemps puisqu’on la retrouve en Allemagne en 1906. A partir de cette date et jusqu’à la guerre de 1914, elle va traverser une sorte de désert où elle se trouve marginalisée dans son propre parti qui est contaminé – de son point de vue – par le nationalisme et le militarisme ambiants et qui finira par voter les crédits de guerre en 1914.

Pacifiste, elle va s’opposer avec Karl Liebknecht à ce qu’elle considère comme une dérive. Elle appelle au refus d’obéir aux ordres de conscription, ce qui lui vaudra d’être emprisonnée. Exclue du SPD, elle crée le 1er janvier 1916 la Ligue Spartacus avec Liebknecht, Clara Zetkin et Franz Mehring. Elle est à nouveau emprisonnée peu après.

7207fef1f113c637e614dd74ac60b03a.jpgEn novembre 1918, c’est la révolution en Allemagne. Rosa Luxemburg est libérée et en profite immédiatement pour réorganiser la Ligue Spartacus, qui deviendra plus tard le parti communiste allemand. Elle en rédige le programme, en définit la stratégie et en anime le journal, Die Rote Fahne (Le Drapeau Rouge).

Entre-temps s’est bien sûr produite la révolution de 1917, dont elle ne tarde pas à dénoncer la dérive totalitaire, notamment dans un ouvrage publié en 1918, La révolution russe. Mais elle ne saura jamais à quel point elle avait eu raison – sur ce point. L’insurrection spartakiste est déclenchée le 5 janvier 1919 à Berlin. Elle échoue et est réprimée dans le sang par les sociaux-démocrates au pouvoir, ses anciens compagnons, qui se débarrasseront à cette occasion de cette aile gauche encombrante. Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht sont tous les deux arrêtés et assassinés le 15 janvier 1919.

14.12.2007

IL Y A 90 ANS, ON PROMETTAIT (DEJA) DES LENDEMAINS RADIEUX… (28)

Tous les hommes, ou femmes, dont il est question ici, quel que soit le poste occupé, ont été complices du régime qu’ils ont créé et servi. Les malheurs qui ont pu leur arriver suite à la prise de pouvoir de Staline furent occasionnés, non par une dénonciation des crimes du régime survenus DES LE DEBUT, mais uniquement par des luttes intestines de pouvoir.

IAN FRIDRIKHOROVICH, dit MARTYN IVANOVICH LATSIS

 

9d4f6814b647191eb956b47f65a6d5fc.pngIl est très difficile de trouver des données concernant ce personnage qui occupa pourtant un rang élevé à la tchéka dès sa création en décembre 1917. C’est finalement sur un site russe que j’ai trouvé ses dates de naissance et de décès, ainsi que son nom véritable.

Martyn Latsis, son pseudonyme, est né en 1888 dans une famille juive de Lettonie. Il va suivre le parcours classique puisqu’il adhère tout jeune au parti socialiste-révolutionnaire. Très actif lors de la révolution de 1917, il fait partie, avec Dzerjinski, le futur patron de la tchéka, du comité révolutionnaire de Petrograd. C’est dans ce noyau dur que Dzerjinski va recruter les cadres de la future police secrète et Latsis sera son adjoint.

Bien que l’on connaisse peu de chose sur lui, on peut supposer qu’il avait fait des études car apparemment il aimait écrire. Il publiera en effet en 1920 à Moscou un livre intitulé Dva goda borby na vnutrennom fronte (Deux ans de lutte sur le front intérieur), dans lequel il relate sa vision de la guerre civile.

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En tout cas, dans ses fonctions de dirigeant de la tchéka, il aura l’occasion de s’exprimer à maintes reprises et il dira alors des choses fort instructives :

Dans les Izvestia du 23 août 1918 – alors que la première vague de la terreur rouge bat son plein: « La guerre civile ne connaît pas de lois écrites. La guerre capitaliste a ses lois écrites (…) mais la guerre civile a ses propres lois (…) Il faut non seulement détruire les forces actives de l’ennemi mais démontrer que quiconque lèvera l’épée contre l’ordre de classe existant périra par l’épée. Telles sont les règles que la bourgeoisie a toujours observées dans les guerres civiles qu’elle a menées contre le prolétariat (…) Nous n’avons pas encore suffisamment assimilé ces règles. On tue les nôtres par centaines et par milliers. Nous exécutons les leurs un par un, après de longues délibérations devant des commissions et des tribunaux. Dans la guerre civile, il n’y a pas de tribunaux pour l’ennemi. C’est une lutte à mort. Si tu ne tues pas, tu seras tué. Alors tue si tu ne veux pas être tué ! ».

Ces accents meurtriers étaient destinés à réveiller l’instinct de revanche dans les masses populaires. Ce qui va marcher au-delà de toute espérance. Ainsi encouragées par le pouvoir, les tchékas locales, qui constituaient l’occasion rêvée de régler tous les comptes en retard, vont se mettre à pulluler. A telle enseigne que les bolcheviques auront du mal par la suite à remettre de l’ordre et à faire rentrer tout ce beau monde dans le cadre d’une tchéka unifiée et disciplinée.

Le 1er novembre 1918, Latsis fournit à ses sbires les instructions suivantes pour la conduite de leurs « enquêtes » : « Nous ne faisons pas la guerre contre des individus en particulier. Nous exterminons la bourgeoisie comme classe. Ne cherchez pas dans l’enquête des documents et des preuves de ce que l’accusé a fait, en actes ou en paroles, contre l’autorité soviétique. La première question que vous devez lui poser, c’est à quelle classe il appartient, quelles sont son origine, son éducation, son instruction, sa profession ».

Dans son livre, il  prétendra qu’au cours du second semestre 1918, la tchéka avait exécuté 4500 personnes, précisant même :  « Si l’on peut accuser la tchéka de quelque chose, ce n’est pas d’excès de zèle dans les exécutions mais d’insuffisance dans l’application des mesures suprêmes de châtiment. Une main de fer diminue toujours la quantité de victimes ».

Des études ultérieures ont fait apparaître la nette sous-évaluation de ce chiffre. Le nombre des  victimes de la tchéka pour le seul automne 1918 tourne plutôt  autour de 10 à 15 000.

Nous  retrouvons Latsis chef de la tchéka d’Ukraine en 1920. C’est la période de la décosaquisation. Des familles entières, voire des voisins,  seront enfermés dans de véritables camps de la mort. Latsis notera à ce propos dans un rapport: « Rassemblés dans un camp près de Maïkop, les otages – des femmes, des enfants et des vieillards – survivent dans des conditions effrayantes, dans la boue et le froid d’octobre (…) Ils meurent comme des mouches (…) Les femmes sont prêtes à tout pour échapper à la mort. Les soldats qui gardent le camp en profitent pour faire commerce de ces femmes ».

On peut supposer qu’il poursuivra dans les rangs de la tchéka une carrière aussi prometteuse.

D’après le site russe, il meurt en 1938. Il avait donc cinquante ans. Etant donné cette date fatidique, on peut supposer sans trop risquer de se tromper qu’il ne s’est pas fait écraser par un autobus. Mais bien plutôt par une machinerie autrement plus puissante qui portait le nom évocateur de « grande purge ».

Source des citations: Le livre noir du communisme -ouvrage collectif

12.12.2007

IL Y A 90 ANS, ON PROMETTAIT (DEJA) DES LENDEMAINS RADIEUX… (27)

Tous les hommes, ou femmes, dont il est question ici, quel que soit le poste occupé, ont été complices du régime qu’ils ont créé et servi. Les malheurs qui ont pu leur arriver suite à la prise de pouvoir de Staline furent occasionnés, non par une dénonciation des crimes du régime survenus DES LE DEBUT, mais uniquement par des luttes intestines de pouvoir.

ISAÏ DAVIDOVITCH BERG

Je me sens quelque peu frustrée d’avoir si peu d’informations sur ce personnage. Là encore, nous devons à Soljenitsyne d’avoir soulevé le coin d’un voile épais cachant ce qui n’était pas censé être exposé aux regards.

Isaï Davidovitch Berg est un rouage du système bolchevique comme il y en eut des milliers. Il n’a dû sa – relative – célébrité qu’à son esprit ingénieux qui va s’exercer, hélas pour lui, sur un sujet aujourd’hui des plus sensibles.

Voilà un homme qui s’est retrouvé, dans les années trente, chef du service économique du NKVD pour la région de Moscou. Un poste de responsabilité, certes, mais pas le sommet de l’échelle. Chargé comme il l’était des problèmes économiques, il devait donc veiller à dépenser et faire dépenser le moins d’argent possible. C’est logique.

Nous sommes en 1937, période de grandes purges, lorsque les exécutions, dans le secteur de Moscou, prennent une ampleur telle que nos braves fonctionnaires ont du mal à suivre. Tous ces ennemis du peuple  à fusiller en même temps ! Sans compter toutes les munitions nécessaires pour leur tirer une balle dans la nuque, ça finit par coûter cher ! Et  le temps que ça prend pour les assassiner un par un !

C’est là que va intervenir la cervelle ingénieuse de notre bonhomme. Il va inventer un moyen moins onéreux de procéder. Un moyen simple, mais encore fallait-il y penser : le camion dont les gaz d’échappement sont orientés vers l’intérieur. Cette invention sera appelée en russe dushegubka, ou «chambre à gaz ambulante».

La procédure était effectivement très simple : les « patients » étaient entassés dans un camion hermétiquement clos renvoyant les gaz d’échappement vers l’intérieur, et c’était parti pour une longue promenade autour de Moscou. A l’arrivée,  – ô miracle de la technique - ne restaient plus que des cadavres qui étaient immédiatement escamotés dans un coin discret. Voilà, ce n’était pas plus compliqué que ça. Et relativement économique, encore que… l’essence …

Eh bien, le croirez-vous, ce rouage pourtant zélé et méritant finira misérablement en 1939, victime lui aussi d’une purge. Quels ingrats !

Ce brave Berg a inventé une application pratique mais, soyons juste, l’idée d’utiliser des gaz pour tuer était plus vieille que lui. Elle démarre en fait durant la 1ère guerre mondiale, vite relayée par les bolcheviques qui n’étaient jamais en reste dans ce domaine. Les gaz seront largement utilisés par eux, souvent contre les paysans refugiés dans les bois, notamment à Tambov en 1921. Les ordres reçus de Moscou spécifiaient : « Les forêts où les bandits se cachent doivent être nettoyées par l'utilisation de gaz toxique. Ceci doit être soigneusement calculé afin que la couche de gaz pénètre les forêts et tue quiconque s'y cache ».

10.12.2007

IL Y A 90 ANS, ON PROMETTAIT (DEJA) DES LENDEMAINS RADIEUX… (26)

Tous les hommes, ou femmes, dont il est question ici, quel que soit le poste occupé, ont été complices du régime qu’ils ont créé et servi. Les malheurs qui ont pu leur arriver suite à la prise de pouvoir de Staline furent occasionnés, non par une dénonciation des crimes du régime survenus DES LE DEBUT, mais uniquement par des luttes intestines de pouvoir.

 

 

GRIGORI MOISSEVITCH MAIRANOVSKI

85d739932ddc25e3bee39b492237bca3.jpgVous avez dû entendre parler des expérimentations humaines auxquelles se livraient les nazis dans les camps. Mais je parierais que vous avez moins souvent entendu parler de celles qui se pratiquaient dans les coins discrets de la Loubianka, le siège des services secrets soviétiques, qu’ils se soient appelés Tchéka, Guépéou, KGB ou NKVD.

Et encore moins de celui qui eut la haute main sur ces expérimentations de 1937 à 1951. Il a fallu pour cela que Soljenitsyne lève le voile en 2003 dans le tome 2 de sa fresque Deux siècles ensemble – Juifs et Russes pendant la période soviétique. Et révèle des choses bien étonnantes, quoique quasiment boycottées depuis.

c3b9df24f916a62d81c0cf5835d3387f.jpgLe laboratoire des poisons du régime bolchevique est installé dès 1921. En 1926, il passe sous la férule de Gendrik Yagoda, alors second de la Guépéou. A partir de 1937, sous le nom de Laboratoire 1, ses activités vont considérablement se développer sous la direction de Grigory Moïssevitch Maïranovski.

Les sources ne sont pas très loquaces sur ce personnage qui ne manque pourtant pas d’intérêt et dont les hauts faits mériteraient de passer à la postérité au moins autant que ceux du Dr Mengele. Difficile déjà de trouver un portrait de lui. On sait qu’il est né en 1899 à Batoumi en Géorgie. Dans sa jeunesse, il s’affilie au Bund (l’Union – socialiste et antisioniste – des travailleurs juifs), mais devant les nuages qui s’amoncellent sur ce mouvement, qui sera finalement liquidé, il préfère rejoindre les bolcheviques. C’est plus sûr. Il devient médecin biochimiste.

Il travaille ensuite à l’Institut de recherches médicales Gorki à Moscou qui sera placé sous l’autorité du NKVD. En 1937, l’année des grandes purges, ce serviteur très zélé du régime obtient une promotion dont il tâchera de se rendre digne : on lui confie la direction du Laboratoire 1 avec la tâche très spéciale de mettre au point un poison mortel ne laissant pas de traces. Un poison provoquant un décès qui semblerait naturel, du genre « insuffisance cardiaque ».

Dès lors, il va se mettre au travail avec ardeur et sans états d’âme superflus. De toute façon, n’est-ce pas, ses victimes étaient des ennemis du peuple, et lui-même travaillait à instaurer un monde meilleur, alors les détails…

Il va se livrer à des recherches sur toutes sortes de poisons : la digitaline, le curare, la ricine, etc. Et  comme c’était un homme consciencieux et désireux de bien faire, il fera des essais sur des cobayes humains – les oiseaux, ainsi les appelait-il poétiquement – d’âge et de condition physique très variés. Il administrait le poison dans la nourriture ou la boisson, puis à travers un judas, observait les phases de l’agonie, notant scrupuleusement tous les détails.

Il est si bien noté par ses chefs qu’il est promu colonel du NKVD en 1943. C’est la guerre, ce ne sont pas les ennemis du peuple qui manquent. Outre les russes, il aura bientôt à sa disposition des oiseaux allemands, polonais, voire japonais. Il expérimente à tour de bras.

Et d’ailleurs il réussira apparemment à mettre au point la substance parfaite, appelée C-2 qui vous tuait doucement en quinze minutes, sans laisser de traces. Elle sera largement utilisée.

Le NKVD demandera également à ce précieux auxiliaire d’expérimenter un « camion à gaz ». Mais nous en reparlerons.

Ce n’est qu’à la veille du procès de Nuremberg, en 1945, que les expérimentations sur cobayes humains effectuées par le bon docteur Maïranovski furent interdites. Du moins officiellement.

Les luttes de pouvoir sauvages au sein du NKVD, alors dirigé par Lavrenti Béria, vont affecter le colonel-empoisonneur qui se croyait pourtant bien à l’abri dans son laboratoire. Il savait tant de choses, ayant personnellement pratiqué tant d’assassinats politiques, qu’il se considérait intouchable ....

Il est cependant arrêté en décembre 1951 -  pas pour ses crimes, je vous rassure tout de suite - mais dans un contexte de luttes de clans.  Et, sans qu’il y ait de procès, il est condamné à 10 ans de prison pour… abus de fonction et détention illégale de poisons ! Curieusement, il ne sera pas libéré à la mort de Staline, en mars 1953, et dans l’espoir de se dédouaner, il chargera copieusement son ancien patron, Lavrenti Béria, lors du procès de celui-ci en juin de la même année, reconnaissant du même coup ses propres crimes.

Il  fera bel et bien ses 10 ans de prison, à sa grande indignation. Voilà comment on récompensait la vertu militante ! Il est libéré en décembre 1961 et assigné à résidence au Daghestan où il travaillera dans un laboratoire de chimie.

Il commettra une erreur fatale en essayant d’obtenir avec acharnement sa réhabilitation. Dans ce but, il écrit à Krouchtchev, le nouveau maître, pour lui rappeler certains faits anciens – notamment un assassinat commun – que ce dernier n’avait apparemment nulle envie de voir ressurgir. Maïranovski n’aura pas l’occasion d’en parler davantage car il succombe opportunément en décembre 1964 d’une… insuffisance cardiaque.

 


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